Aïn Defla : le décor marqué par les longues files devant les boucheries pour le dépeçage des moutons sacrifiés

Aïn Defla : le décor marqué par les longues files devant les boucheries pour le dépeçage des moutons sacrifiés

AIN DEFLA – Au second jour de l’aïd-el-adha, le décor à Aïn Defla est, à l’instar de bon nombre de régions du pays, marqué par les longues files de personnes devant les boucheries en vue de se faire dépecer la viande du mouton sacrifié la veille.

Très tôt le matin, et à peine la prière d’el fadjr accomplie, des groupes de citoyens se précipitent chez le boucher le plus proche de leur lieu d’habitation, une carcasse de mouton sur les épaules, en vue de se faire couper la viande. De nombreux pères de familles semblaient tout heureux de pouvoir faire dépecer leur mouton chez un professionnel, notamment ceux d’entre eux ne maîtrisant pas les rudiments les plus élémentaires se rapportant à cette tâche.

Un gage de sécurité contre les éventuelles blessures Vers 6 heures du matin, le bruit distinctif d’une hache s’abattant sur un billot « déchire » le silence de la ville et tend à réveiller une population particulièrement exténuée suite aux efforts déployés la veille à la faveur du rituel du sacrifice et de tout ce qui s’y rattache. L’échine pliée sous le poids de l’animal écorché qu’il porte sur son épaule, Djamel, agent d’administration de son état, soutient que s’il se rend chez le boucher en vue de se faire découper la viande, c’est avant tout pour éviter de se blesser si jamais il accomplissait lui-même cette tache chez lui.

« Même si je ne suis pas un profane en matière de découpage de la viande, il n’en demeure pas moins que je préfère confier cette mission à un professionnel dont la longue pratique du métier lui a fait acquérir un savoir-faire en la matière et des réflexes inouïs. »

Pour ce quinquagénaire, découper la viande est avant tout « un art » nécessitant dextérité et concentration, faisant état de nombreuses personnes de sa connaissance qui se sont gravement blessées chez elles lors d’opérations de dépeçage de la viande. Lui emboîtant le pas, Mansour, la quarantaine, affirme que dès lors que le boucher est un professionnel de la viande, le travail qu’il effectuera n’altèrera aucunement la viande et laissera toutes les parties du mouton intactes.

« Il est clair que pour un boucher, parfaitement rompu à cet exercice, cette activité ne constitue qu’une simple formalité, le boucher connaissant sur les bouts des doigts toutes les parties de l’animal qu’il a sous la main. »

Il a toutefois fait remarquer que les efforts induits par le découpage de la viande font que cette opération ne peut être effectuée que par des individus solidement bâtis, relevant que les plus chétifs d’entre eux sont, généralement, au bout du rouleau après avoir achevé leur travail vers midi. Il a, d’autre part, estimé que même s’ils maîtrisent les techniques se rapportant au dépeçage de la viande, les gens habitant les cités devraient confier cette mission à un boucher afin d’épargner à leurs voisins les désagréments causés par le bruit de la hache. Un substantiel gain de temps…

Avec une rapidité déconcertante, Ali, boucher au niveau du quartier des frères Menad situé au centre-ville de Aïn Defla, commence par disjoindre le mouton en deux, en suivant la colonne vertébrale de la bête, laissant en un laps de temps court, apparaître les gigots, les épaules et les côtelettes. Pour ce quinquagénaire qui a hérité le métier de son père, la quasi-totalité des citoyens qui sollicitent ses services le jour de l’Aïd lui avouent ne rien connaître à la manière de découper la viande. D’autres ne disposant pas du matériel nécessaire au découpage de la viande se voient « contraints » de recourir à lui.

« Personne ne consentant prêter un couteau, une hache ou tout autre instrument le jour de l’aïd car les gens veulent en finir avec cette corvée le plus vite possible. »

Selon lui, dans 4 ou 5 ans, une fois que l’Aïd el adha interviendra au courant du mois de juillet, tout le monde voudra procéder au dépeçage de son mouton le jour même de l’égorgement de peur que la chaleur torride sévissant à Aïn Defla et les régions qui lui sont proches n’influent négativement sur la chair des animaux sacrifiés. Outre le souci de se prémunir d’éventuelles blessures s’ils venaient à accomplir eux-mêmes cette besogne, nombre de pères de famille soutiennent que le recours au boucher leur permet de gagner beaucoup de temps à l’occasion de cette fête religieuse marquée par une grande activité inhérente notamment aux déplacements familiaux et aux achats.

Ils estiment, par ailleurs, que les tarifs appliqués sont « abordables« , précisant toutefois que ces derniers sont fixés en fonction de la taille de l’animal et de son poids. Une fois les clameurs tus, l’odeur des brochettes envahit la ville, chatouillant les narines et incitant les gourmets à passer à table. Réunis autour de plats succulents, des familles dégustent la viande dans une ambiance conviviale, n’omettant pas toutefois de réserver une part aux personnes démunies et à celles non épargnées par les vicissitudes de la vie.