Publié par Karim O.
Des 24 000 ha de la superficie ensemencée en pomme de terre les années écoulées, cette année, selon la DSA, seulement 14 000 ha sont consacrés à la culture de ce tubercule.
Plusieurs causes sont attribuées à cette importante réduction estimée à 2/5e. La cause principale qu’on avance est due à une hausse importante des coûts des intrants tels que les semences, les fertilisants, les traitements, les engrais, l’eau d’irrigation, la main-d’œuvre qui se fait rare en plus du prix de la location de l’hectare du foncier agricole ; un grand nombre de producteurs sont hors sol (ne sont pas propriétaires du foncier).
Ces causes ont poussé un nombre important de producteurs forts d’une expérience acquise depuis plus de 20 ans à s’investir et investir toujours dans cette filière mais ailleurs, dans d’autres wilayas, à l’exemple de Tiaret, Djelfa, Relizane, Médéa, El Oued, Laghouat, des wilayas où les coûts sont plus réduits et donc l’investissement plus rentable pour eux.
Autre facteur plus sournois et insidieux,inavoué, est le fait que les terres exploitées à l’excès durant des décades, se sont épuisées sans compter l’infestation de la couche arable par les doses cumulées, phénoménales, d’engrais résiduels et de pesticides qui ont même contaminé les nappes aquifères selon certains chercheurs.
Cependant, les superficies abandonnées par les producteurs de pommes de terre sont désormais consacrées à d’autres maraîchages tels que la culture des melons et pastèques, rentable nous dit-on, et la tomate industrielle. Par ailleurs, toujours dans le domaine de la culture de la pomme de terre, la wilaya de Aïn Defla qui dispose d’une capacité de stockage sous froid estimée à 500 000 m3, importe de la semence de classe E et génère des sous-classes telles que les classes A et B, tout en introduisant dans les programmes culturaux de nouvelles espèces de tubercules plus rentables et moins onéreuses. Dans le domaine de la production de semences de la pomme de terre, les semenciers de la wilaya approvisionnent des producteurs de tubercules de consommation de pas moins de 26 wilayas, ce qui lui confère la première place au niveau national dans ce segment.
Il est à signaler aussi que malgré ces résultats qui peuvent nous dispenser de l’importation de certaines classes de semences et de consommation, on continue à importer des semences de classes qu’on produit en Algérie. On rappelle aussi que la culture de la pomme de terre exige de grandes capacités d’irrigation, ce qui n’est pas le cas dans plusieurs régions avec une pluviométrie aléatoire, variable d’une année à l’autre. C’est sans doute une des causes qui a fait que la wilaya de Mascara a réduit graduellement et considérablement la production de la pomme de terre au profit d’autres cultures et ce, depuis quelque 3 décennies.
Par ailleurs, le transfert de cette culture vers les zones du sud où de grandes superficies sont disponibles mais où l’eau des nappes aquifères n’est pas renouvelable n’est pas une solution durable, affirment les spécialistes. Ces contraintes nécessitent toute une réflexion qui doit déboucher non sur des solutions provisoires mais sur des orientations durables. Pour l’heure, certes, on réalise d’importants résultats et dans la culture de la pomme de terre de consommation et dans la production des semences.
Il est à remarquer que depuis quelque temps, lors des périodes de soudure où l’offre diminue sur le marché ce qui fait grimper les prix très haut, ces pénuries tendent à disparaître et les prix restent relativement stables.
Certes, la filière de la pomme de terre dégage chaque année des excédents de production qui pourraient être exportables mais l’exportation reste balbutiante et timide malgré quelques initiatives en quantités très réduites pour moult raisons.
L’exportation exige la production de variétés recherchées, de disponibilité permanente, de moyens de transport rapides par route ou par voie maritime rapide et des procédures administratives facilitatrices et non pas freinantes voire décourageantes sans oublier, bien sûr, un marketing adapté.
Karim O.