Airbus signe sa première grosse commande au Japon

Airbus signe sa première grosse commande au Japon

BARCELONE/TOKYO (Reuters) – Airbus a annoncé lundi une importante commande de la compagnie Japan Airlines (JAL), marquant ainsi de manière spectaculaire son entrée sur le dernier grand marché du transport aérien dominé par son rival historiqueBoeing.

JAL, qui se fournit ainsi pour la première fois de son histoire chez l’avionneur européen, a signé une commande de 31 exemplaires de l’Airbus A350 XWB, assortie d’options sur 25 appareils supplémentaires.

Le volet ferme de cette commande représente de 9,5 milliards de dollars (sept milliards d’euros) sur la base des prix catalogue. La première livraison est prévue en 2019.

« Le Japon est l’un des plus importants marchés au monde (…) », a déclaré à la presse le dirigeant de l’avionneur européen Fabrice Brégier, précisant que ce contrat portait le montant total des commandes d’A350 à 756 et que la commande de JAL était la plus importante reçue par Airbus pour l’A350 depuis le début de l’année.

Sur ce dossier, l’A350 était opposé au Boeing 777X, le futur modèle de l’américain.

« C’est une grande victoire pour Airbus et une grosse perte pour Boeing », estime Scott Hamilton, analyste spécialisé du cabinet Leeham. « Airbus essayait de briser le monopole de Boeing sur les gros porteurs (au Japon) depuis des décennies tandis que Boeing s’efforçait de maintenir Airbus à distance de JAL et ANA. »

Boeing domine de la tête et des épaules le marché aéronautique japonais avec une part de marché de plus de 80%, grâce entre autres à ses liens avec les équipementiers aéronautiques locaux et aux relations politiques et diplomatiques entre Washington et Tokyo.

Mais les retards accumulés par son modèle 787 « Dreamliner », immobilisé plusieurs mois au début de cette année pour des problèmes de batteries, ont terni l’image du constructeur américain et mis en doute sa capacité à honorer ses commandes à temps, expliquent des spécialistes du secteur.

JAL, la première compagnie aérienne japonaise et sa dauphine ANA sont deux grosses utilisatrices du B787.

ANA AUSSI HÉSITE ENTRE AIRBUS ET BOEING

« C’est vraiment mauvais pour Boeing. Il faut qu’ils fassent un peu d’introspection », commente Richard Aboulafia, analyste spécialisé de Teal Group. « Les problèmes du 787 ont inévitablement conduit à des doutes sur l’exécution, les ressources et les délais. »

Boeing s’est dit « déçu » de la décision de JAL, tout en ajoutant la respecter.

« Nous avons noué des liens forts avec Japan Airlines sur les 50 dernières années et nous entendons bien poursuivre ce partenariat à l’avenir », a ajouté un porte-parole de Boeing.

La prochaine manche du match Airbus-Boeing au Japon concernera ANA, qui doit commander prochainement environ 25 avions en vue du renouvellement de sa flotte de Boeing 777 à partir de 2020.

La compagnie continue d’étudier le 777X et l’A350, a déclaré un porte-parole.

Le groupe américain n’a pas encore officiellement annoncé le lancement du 777X. Et si elle choisit ce modèle, ANA devra prendre le risque d’en être l’un des tout premiers clients.

Dans ces conditions, les déboires du B787 ont fourni à Airbus une opportunité rare sur un marché captif de son grand rival.

« C’est le prix à payer pour la passivité, pour ne pas avoir lancé cet avion il y a un an », souligne Richard Aboulafia à propos de Boeing.

Le mois dernier, le président d’ANA Shinichiro Ito, a déclaré à Reuters que la compagnie prendrait en compte le risque de retards à la livraison au moment de choisir le futur remplaçant de ses B777.

L’A350 d’Airbus, lui, doit entrer en service l’an prochain et il dispose déjà d’une liste de clients non négligeable sur plusieurs continents, avec Cathay Pacific, Singapore Airlines, Qatar Airways, Emirates Airlines et Deutsche Lufthansa.

Bertrand Boucey, Gwénaëlle Barzic et Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten