Aïth Abderrahmane Abdallah : « Cachir Bellat a tué mon fils ! »

Aïth Abderrahmane Abdallah : « Cachir Bellat a tué mon fils ! »

Enseignant à la retraite, Aïth Abderrahmane Abdallah est le père du petit Rédha emporté par le botulisme le 2 juillet dernier après 13 jours d’hospitaliation. Il revient avec nous dans cet interview sur le calvaire qu’il a enduré avec sa famille tout au long de la maladie de son fils jusqu’à la disparition de ce dernier.

Lematindz : Pouvez-vous nous décrire les circonstances de l’intoxication de votre fils ?

Aïth Abderrahmane Abdallah : Le vendredi 19 juin, deuxième jours du ramadan, mon fils a acheté un morceau de cachir qu’il a aussitôt consommé avec un morceau de pain. Le lendemain, les symptômes d’une intoxication alimentaire ont commencé à se manifester, il vomissait et il était très fatigué, je l’ai transporté aux urgences de l’hôpital de Kaïs. Là-bas, les médecins lui ont administré un sérum et m’ont expliqué que son cas n’est pas très dangereux. Ils ont refusé de le garder en observation, malgré qu’il y avait un autre cas, celui du fils de mon voisin Drarja que j’ai croisé aux urgences, il présentait les mêmes symptômes que mon fils, à savoir troubles de la visions, fatigue générale et des céphalées.

Le lendemain, son état s’est empiré, je l’ai ramené aux urgences où il a été intubé et évacué vers le CHU de Batna. Il est resté en réanimation intubé, ventilé et ensuite trachéotomisé jusqu’au 2 juillet le jour de son décès.

Nous les familles des malades du botulisme, nous avons vécu un véritable cauchemar, où est l’Etat ? Pourquoi les services de la santé et ceux du commerce ont laissé une telle catastrophe se produire ? J’ai déclaré l’intoxication de mon fils le 21 juin chez la police de Kaïs, ils ont attendu jusqu’au 25 juin pour faire le rapport et quand je suis allé voir le procureur de la république, le rapport n’a pas été transmis. Lorsque mon fils est décédé, je suis retourné chez le procureur de la république, j’ai trouvé son adjoint, ce dernier m’a expliqué que je peux enterrer mon fils. Mais lorsque le procureur est revenu il m’a reproché le fait de l’avoir inhumer, alors que je l’ai fait sous les recommandations de son adjoint.

Comment se fait-il que l’institut Pasteur n’ait pas trouvé de toxine botulique dans l’échantillon qui provient pourtant du commerce chez lequel votre fils et les autres ont acheté ce cachir avarié ?

Aïth Abderrahmane Abdallah : Parce que les services de la direction du commerce de la wilaya (D.C.W) n’ont pas fait convenablement leur travail. Ils n’ont prélevé l’échantillon que quatre jours après les faits, le commerçant a eu le temps de faire disparaitre le morceau du cachir incriminé.

Tous les parents de victimes du botulisme sont unanimes sur la marque du cachir : il s’agit de la marque Bellat ?

Je le confirme, c’est bel et bien du cachir Ballat qui a tué mon fils.

Quelles sont vos revendications aujourd’hui ?

Au nom de tous les parents des victimes, je demande que toute la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de nos enfants, que les responsabilités des uns et des autres soient déterminée. Nous demandons tout simplement, que les auteurs de négligence soient châtiés.

Entretien réalisé par Jugurtha Hanachi