En Algérie, le trafic de documents connaît des proportions inquiétantes au fur et à mesure que la bureaucratie s’étend. Pour obtenir l’accès à un avantage ou bénéficier d’un statut, la falsification est désormais une culture ancrée dans notre société. Tout peut s’acheter. Le coût des faux documents fluctue en fonction, notamment de leur « importance », ou encore de leur « qualité ».
C’est décevant de voir un père de famille dans la cinquantaine qui n’a trouvé aucun autre moyen d’aider son fils à immigrer que de lui payer un visa falsifié pour se rendre en Autriche. Oui c’est l’histoire de S. Aissa et son père, qui ont été interpellés à l’aéroport de Houari Boumediene après la vérification des documents du fils par les services concernés et la découverte qu’il s’agissait d’un faux visa.
Le prévenu S. Aissa a fait l’objet d’une poursuite judiciaire pour avoir tenté de quitter le territoire national illégalement par le biais d’un faux document. Complice dans cette affaire, son père S .Achour était lui aussi placé en garde à vue pour avoir participé à ce fait clandestin.
l’enquête sur cette affaire a révélé que ce faux visa a été apporté par le père Achour. Ce dernier, face au tribunal, a déclaré ne pas savoir, ni lui ni son fils, que ce document a été falsifié, chose que l’enquête et le déroulement du procès ont démenti.
En effet, le père achour a finalement avoué avoir déniché un tel visa auprès de l’une de ses connaissances après lui avoir versé une somme de neuf cents milles dinars.
Cependant, le principal accusé Aissa, quant à lui, a déclaré face au tribunal que la raison pour laquelle il avait choisi d’immigrer en Autriche était de trouver un travail respectueux pour fuir le chômage en Algérie et qu’il n’était pas au courant de la falsification de son visa. Ainsi, il a jeté tout le fardeau sur son père en espérant échapper à la lourde décision du procureur.
Au terme de ce procès, le procureur de la république leur a attribué un an d’emprisonnement ferme et une amende de cinquante milles dinars Algérien pour chacun des deux accusés.
Le fléau de la falsification en Algérie
Tout peut s’acheter, à condition d’y mettre le prix : les uns se contentent d’un visa ( qui revient à environ 500 000 DA), les autres souhaitent obtenir un passeport européen. En effet, selon le responsable de la sous-direction des affaires économiques et financières (DPJ), le certificat de réfugié pour les immigrants clandestins représente le document le plus falsifié sur le territoire algérien. Ensuite viennent les passeports étrangers autorisant à voyager de manière plus sereine et sans aucun visa.
En troisième position, figurent les faux documents d’état civil, tout juste avant les documents de circulation (notamment les cartes grises et les permis de conduire), liés généralement à des véhicules volés ou introduits clandestinement depuis l’étranger.