Les 9e Journées du Théâtre du Sud ont été ouvertes lundi à Alger avec la volonté affichée des troupes participantes de pérenniser cet évènement très attendu qui permet de rendre plus visible les créations de la jeunesse du Sud algérien.
S’étalant du 29 juillet au 3 août au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA), ces Journées représentent, selon les participants, une «opportunité d’échanges avec les professionnels du théâtre», avec la possibilité pour les jeunes du Sud d’»exercer leur passion dans les normes requises par le 4e Art». Devant un public nombreux, une vingtaine de comédiens du collectif des œuvres universitaires de la ville d’El Oued, a présenté, «Nazif Ed’Dakira» (Hémorragie de la mémoire), une opérette montée dans le registre du théâtre épique, sur les textes poétiques de six grands auteurs algériens et arabes, que Nabil Ahmed Messaï a adapté et mis en scène.
Puisés des textes des Algériens, Athmane Loucif et Mahdjoub Belloul, des Syriens, Souleïmane El Aïssi et Nizar Qabbani, de l’Irakien Kadem Djawad et du Soudanais Mohamed El Djawahri, «Nazif Ed’Dakira», restitue la grandeur de la révolution algérienne, entrée dans l’universalité car devenue symbole de résistance et de lutte pour la liberté des peuples. Comptant sept tableaux, l’opérette invite, près de 40 mn, le spectateur à revisiter, dans les faits, la révolution algérienne contre l’occupant français, depuis les préparatifs jusqu’au passage à l’acte, focalisant sur le rôle de la femme et son engagement, symbolisés par le personnage de la grande moudjahida, Djamila Bouhired subissant les affres de la torture, pour conclure dans la joie de la victoire marquant l’indépendance de l’Algérie.
La conception du metteur en scène, consistant à donner à la densité des faits historiques, une forme aux atmosphères modernes, a été respectée, à travers une scénographie fonctionnelle, signée Ahmed Labyedh, faite d’un brouillard de fumée couvrant quatre pantalons (long rideaux étendus verticalement) en soie blanche et aux usages multiples, frappés d’un éclairage feutré aux couleurs de l’emblème national, ainsi que par la mise en valeur des textes, enregistrés antérieurement et mimés par les comédiens (play-back). La bande son, úuvre de Farid Makhloufi, a également bien servi le spectacle, enrichi par les sonorités modernes d’une musique d’épopée inspirant l’évènement et la détermination à entretenir l’action, pour finir sur des partitions aux mélodies renvoyant à l’euphorie de la victoire et la joie de la délivrance.
Les comédiens, qui dans l’ensemble ont su porter les textes poétiques déclamés, ont vu par moments, leurs interprétations altérées par des dialogues rendus en play-back, une technique qui certes, permet au texte de gagner en clarté et en volume, mais qui crée en revanche, une froideur entravant chez le comédien le cheminement interne de l’émotion. En présence de la ministre de la Culture, Meriem Merdaci et du directeur général du TNA, Mohamed Yahiaoui, des troupes de danses populaires issues du sud, ont animé, deux heures auparavant, un spectacle folklorique sur la place publique Mohamed Touri, attenante au TNA, au milieu de chapiteaux exposant plusieurs produits et objets traditionnels et artisanaux de différentes régions du sud algérien.
Des conférences, des débats, des masters-Class, des expositions et des rencontres littéraires sont au programme des 9e Journées du théâtre du sud qui accueillent, mardi, les spectacles «Chkoun yesmaâ chkoun ?» (qui écoute qui ?) de Bechar, « El Belaout» d’El Bayedh (théâtre de rue) et «Y’en a marre» de Gherdaïa.