Après la 8e marche de ce vendredi la vie a repris son cours à Alger. Cependant en passant par la rue Hamani, ex Charras quelque chose de nouveau nous interpelle. Les escaliers qui relient cette rue à celle de Didouche Mourad respirent un nouvel air. Un musée en plein air. Des collectes de peintures dont chacune représente une idée, une pensée, ou un espoir pour une Algérie meilleure. De passage la rédaction de Algérie360.com a pu interviewer les personnes derrière cette belle initiative.
Tous amateurs de peinture, ils se réunissent quasiment tous les jours mis a part le mardi et le vendredi les journées les plus chargées de manifestations. Pots de peinture à terre et pinceaux à la main, ils y passent la journée dans le but de donner un nouvel éclat à la capitale. Ils sont de spécialités différentes, de tranches d’âge différentes, il y a deux semaines ils se connaissaient quasiment pas et depuis deux semaines un nouveau lien les lie : la soif de changement.
On monte les escaliers à la recherche d’un interlocuteur qui pourrait nous fournir plus de détails sur l’initiative, un jeune nous guide vers Imad, étudiant en première année de Géologie à l’université de Bab Ezzouar. Il accepte joyeusement de répondre à nos questions, portant fièrement cette initiative, il nous relate les détails derrière son organisation.
Sabrine a fait transmettre son idée un ami qui à son tour l’a connecté avec Imad, le jeune a informé ses connaissances à lui, les bénévoles ont finit par se réunir dans les escaliers et ainsi sont nés des liens de passions entre des personnes qui ne se connaissait pas l’un l’autre.
Sabrine la personne derrière l’idée, étudiante en quatrième année d’architecture nous explique quant à elle que « L’idée a commencé avant le 22 février, je conversais avec une amie qui fait des études en chirurgie dentaire, on se propose mutuellement de repeindre certaines rues d’Alger et les redécorer avec des pots de fleurs. » l’idée n’a pas abouti à cause du manque de courage « on été que quatre bénévoles ». Le manque de matériel avait aussi son rôle à jouer. Après le 22 février, des compagnes de nettoyage ont été lancées à travers tout le pays, l’idée du « freedoom wall » au boulevard Mohamed 5 est née. Ceci nous a encouragés, j’en parle à un ami qui me connecte à Imad…
Ils appellent ça leur façon de faire le hirak et « mieux profiter du temps libre que nous apporte la grève. »
Ils nous parlent de ses « dessins qui désignent le changement » ou « qui ont pour but de décorer. » Ses dessins sont « demi-encadrés, chacun propose ce qu’il a et si ce n’est pas trop dégradant et tant que ça reste dans la thématique, chacun dessine ce qu’il veut. »
Parlant des difficultés qu’ils ont pu rencontrer, ils nous parlent des problèmes financier « Nous avons commencé avec un budget de 3000 DA, ça nous a pas suffit pour acheter le matériel nécessaire, nous avons donc lancé un appel à dons, les gens ont vite répondu présent» les deux jeunes ont expliqué. L’autre difficulté, c’est l’incompréhension des personnes quand il est question de fermer les escaliers afin de les peindre « il y a deux marches d’escaliers l’une a coté de l’autre, on propose aux passagers d’utiliser celle qui est vide, ils refusent. »
Le coté positive des feed-back a réussi a déséquilibré l’autre coté, ils ont suscité l’admiration de plus d’uns et nous avons été témoins de deux de ces admirations« Ça sent que de la peinture, mais ça reste mieux que le gaz lacrymogène. » Ce sont les propos d’un vieil homme qui passait par ces escaliers remplis de jeunesse et d’arts ; l’homme n’a pu cacher sa fierté en cette nouvelle génération. Les propos d’un autre passant s’ajoutent à celui du précédent: « Vous avez su porter la contestation de façon meilleure et déférente, autrefois, on détruisait, vous vous construisez, ça fait plaisir. »
À la fin de chaque journée, ils analysent les bons et les mauvais cotés qui auront marqué leurs journées afin de les renforcer ou les éviter le lendemain.
À la fin de chaque journée, ils analysent les bons et les mauvais cotés qui auront marqué leurs journées afin de les renforcer ou les éviter le lendemain. Imad nous répond qu’il vaudrait bien élargir ça jusqu’au quartier mythique de Bab El Oued, Sabrine quant à elle, espère apporter son savoir en architecture pour restaurer l’histoire, elle parle de la Casbah et espère lui donner un coup de blanc nouveau.
Ils garderont peut-être contacte ou pas, mais une chose est sure en repassant par ce même lieu dans quelques années que les peintures y sont encore ou non, et on espère qu’elles y seront, ils seront que ce Hirak a changé quelque chose en eux, et a déclenché une chose que rien ne pourra plus remettre en mode « off ».
M.A.Y