Une dizaine de consultants ont tenu une conférence de presse dimanche 19 mars à Alger pour faire part de leur détresse face aux créances impayées par l’Agence nationale du développement des petites et moyennes entreprises (Andpme). Des dettes que l’Agence reconnait mais tarde à régler depuis 2008.
Le programme national de mise à niveau des PME algériennes, débuté en 2008, a été doté d’un fond de 386 milliards de DA. L’Andpme a été désigné alors en tant que gestionnaire et organe chargé de l’exécution des activités du programme avec l’ambition d’aider quelque 20.000 PME à l’horizon 2014.
Selon, Gérard Lambert, directeur général de Sociade, société algérienne de conseils aux entreprises, l’Andpme a délivré une attestation faisant état d’une reconnaissance de dettes envers tous les bureaux de consulting associés à ce programme national. Mais le paiement lui-même ne vient pas et les consultants concernés semblent à bout de patience.
Au cours de la conférence de presse animée par Abderrahmane Slimani (président de l’association APROMECE) et Gérard Lambert, les consultants ont souligné que le retard de paiement des créances par l’Agence nationale du développement des PME a eu des impacts financiers sur leurs sociétés. Certaines sociétés de consulting ont été contraintes de fermer boutique, d’autres ont dû mettre en œuvre des plans d’austérité et des compressions d’effectifs.
« Nous sommes déjà très perdants » s’est indigné un consultant concerné par ces créances impayés, «le dinar d’il y a deux ans, n’a plus la même valeur aujourd’hui ! ». L’impact du retard du paiement s’aggrave avec l’évolution de la valeur du dinar, de l’inflation et de la hausse de la TVA.
Au terme de cette rencontre, une cellule de crise constituée de 4 consultants a été mise en place afin de transmettre les doléances à direction générale de l’Andpme à Alger, ultime recours, selon eux, avant la saisine de la justice.
Contacté par Maghreb Emergent, le porte-parole de cette cellule, Hocine Benmedakhene a indiqué que le Directeur général de l’Andpme, M. Rachid Moussaoui les a sollicité pour une rencontre l’après-midi même de la conférence de presse. Le directeur général de l’Andpme a confirmé que le paiement des créances de 2008 et de 2015 « sont en phase de paiement et concernent tous les bureaux de consulting associés à ces programmes de mise à niveau » a-t-il indiqué.
L’échec du programme de mise à niveau des PME algériennes
Le programme de mise en valeur des PME a été conçu sur une faisabilité en deux phases. La première est celle d’un diagnostic établi par des consultants et des experts afin de délimiter les besoins de la PME sujettes à une mise à niveau. Elle est suivie d’une seconde phase de mise à niveau en apportant les modifications nécessaires.
L’objectif était donc de mettre à niveau ces entreprises afin qu’elles puissent être plus compétitives et renfoncer de fait le tissu économique du pays. Selon des témoignages de chefs d’entreprises ainsi que des responsables de l’administration publique, le programme est très loin d’avoir atteint les objectifs escomptés.
A Annaba par exemple, le directeur de l’industrie de la wilaya faisait état en, février 2016, d’un bilan sans fard. « Pour la période 2011-2015, sur les 363 dossiers déposés (dont 240 dans le BTPH et 51 dans l’industrie), 166 seulement ont été acceptés, pour 169 refusés et 28 reportés. » rapporte le quotidien régional, l’Est Républicain. « Pour la seule année 2015, sur les 21 entreprises qui ont adhéré au programme de remise à niveau, un chiffre déjà très en deçà des attentes, 5 seulement ont réalisé leur objectif. »
Hier, au cours de la conférence de presse, les consultants font eux aussi un constat pour le moins, très négatif en pointant le poids handicapant de la bureaucratie et la carence de compétences au niveau des directions publiques. Et aussi les fausses déclarations des responsables : les consultants présents ont estimé à 17 le nombre total de PME qui auront accompli ce programme de mise à niveau. Les consultants présents ont relevé par ailleurs des pratiques administratives qui faussent « la concurrence loyale entre bureaux d’études » car « il y a des bureaux qui reçoivent l’information 40 jours avant d’autres. »