Fleuron de l’industrie de véhicules industriels, la SNVI a connu une sorte de descente aux enfers depuis la crise économique qu’a subie le pays, mais aussi en raison de la concurrence déloyale inhérente à l’ouverture brutale du marché.
Avec un découvert de près de 42 milliards de dinars et une dette de 60 milliards de dinars, celle dont le nom se confond avec la tradition des luttes ouvrières continue à se débattre dans une multitude de problèmes.
Même avec le gel du découvert bancaire décidé par le gouvernement en 2003, la Société nationale des véhicules industriels a du mal à retrouver ses marques.
C’est pour cela que des mesures urgentes devront être prises pour la remettre sur les rails. Le gouvernement semble l’avoir compris.
Pour preuve, en plus du gel du découvert (ce qui ne signifie pas effacement, du moins pour le moment), les pouvoirs publics ont pris sur eux, à travers le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, de lui confier un plan de charge pour la production de camions, notamment à benne et des autobus pour le compte de nombreuses communes du pays.
C’est la deuxième fois que le département de M. Zerhouni octroie ce marché à la SNVI. Une action qui lui a valu le surnom de «patriote économique». Cela reste toutefois insuffisant.
Et son P-DG, Mokhtar Chaboub, l’a clairement exprimé lors de son passage hier à la radio nationale.
Pour redynamiser l’entreprise, la rendre plus performante pour qu’elle puisse récupérer ses parts de marché au niveau national et en acquérir d’autres sur les plan régional et international, la SNVI a besoin qu’on prenne en charge son passif : le gel, l’effacement de la dette et la mise à sa disposition d’un fonds de roulement de l’ordre de 3 milliards de dinars.
A court terme, a estimé le P-DG, cela permettra à l’entreprise de se «remettre à niveau, de maintenir l’ensemble des activités, dont la fonderie».
Le Conseil de participation de l’Etat (CPE), présidé par le Premier ministre, s’est réuni dimanche dernier pour étudier toutes ces questions et des discussions ont été entamées dans le cadre d’un comité interministériel, dont le ministère des Finances.
En plus clair, il n’est pas question de privatiser la SNVI et encore moins de remettre en cause les deux partenariats qu’elle a conclus avec deux entreprises étrangères, ZF entre autres. Les conditions de remise à niveau réunies avec la prise en charge du passif, il sera permis aux milliers de travailleurs de la SNVI et à sa direction de faire des projections pour l’avenir.
En tout cas, M. Chaboub y croit dur comme fer. Comme il croit qu’il existe bel et bien une industrie automobile en Algérie et ce, depuis 1958, puisque la SNVI produit des camions qui sont des véhicules motorisés.
«Il existe en Algérie 3 000 entreprises, dont 2 500 PME qui activent dans la production de composants, comme les boîtes à vitesses, les pare-brise, les batteries, les câbles électriques. Donc, il y a un avenir pour cette industrie».
D’autre part, il a indiqué que 10 milliards de dinars étaient nécessaires à l’entreprise pour envisager un véritable programme d’avenir.
Si la SNVI produit aujourd’hui 4 500 véhicules, avec cet argent elle sera capable d’en construire 10.000.
L’invité de la Chaîne 3 n’a pas exclu, à court terme, l’émergence d’une industrie de véhicules légers dans notre pays.
Des discussions ont été entamées avec certains constructeurs, soit pour le montage, soit carrément pour la création d’usine.
Faouzia Ababsa