Algérie Culture : Début des Journées Cinématographiques d’Alger

Algérie Culture : Début des Journées Cinématographiques d’Alger

Un grand soupir de soulagement a été poussé samedi dernier par les cinéphiles et les professionnels du 7ème art et pour cause : la naissance des premières Journées cinématographiques d’Alger (JCA).

Cette initiative est l’oeuvre de l’association «A nous les écrans» que préside le jeune cinéaste Salim Aggar.

C’est à la salle Ibn Zeydoun face à un public constitué de fidèles et de connaisseurs que M. Aggar a donné le coup d’envoi de cet événement tant attendu.

Parmi les invités, on citera le réalisateur Slimane Benaïssa, qui est aussi le président du jury du concours d’écriture de scénario lancé à l’occasion par l’association, la réalisatrice française Hélène Chauvin et le réalisateur palestinien Nizar Hassan.

Invité sur scène, le réalisateur égyptien Ahmed Atef soulignera l’importance de cette manifestation. «L’Algérie a trop attendu pour organiser ce festival, sachant que c’est un pays qui a encouragé le cinéma au moment où aucune nation ne l’avait fait».

Après la présentation des invités, la rencontre prendra l’air d’un débat amical plein de chaleur et d’humour surtout lorsque le président de l’association fait monter sur scène son staff pour rendre hommage à chacun et montrer sa gratitude envers eux.

Les échanges amicaux terminés, on passe à la projection de la première oeuvre.

Il est 20h. C’est un court métrage de 14 minutes réalisé par Abdel Hamid Krim et intitulé Clan destin.

Le film parle de la vie quotidienne en Algérie et du désir de toute une frange de jeunes de quitter le pays vers d’autres horizons.

Cette génération est incarnée par quatre jeunes qui passent leurs jours à contempler la mer et à refaire le monde.

Mais un jour, l’un d’eux est témoin d’une transaction douteuse… une aubaine pour lui et ses potes car cette affaire implique un marin transporteur.

Rapidement les quatre jeunes profitent de la situation, et, faisant chanter le marin, ils l’obligent à les aider à embarquer clandestinement pour la France.

Mais un des jeunes refuse de partir avant de dire adieu à sa belle.

C’est la soirée d’un match de football important et toutes les familles algériennes sont scotchées devant leurs téléviseurs, donc impossible de voir Warda.

Le jeune soudoie le responsable de l’alimentation électrique auquel il demande de couper le courant un quart d’heure, le temps de voir Warda.

Le responsable cède. Le jeune monte retrouver sa belle. Les deux tourtereaux ne sentent pas le temps passer.

Et quand le jeune décide de partir, le courant est rétabli. Impossible de sortir.

Pris au piège, il est obligé de passer la nuit sur le balcon alors que ses amis voguent vers leur destin inconnu.

L’oeuvre souffre de quelques imperfections mais cela ne nuira guère à ce petit essai touchant qui se termine avec le morceau Gazelle au fond de la nuit d’Amazigh Kateb.

Le documentaire Ça tourne à Alger de Salim Aggar, prévu pour la deuxième partie de la soirée, a été remplacé par un panorama du cinéma algérien.

Le président de l’association ne tardera pas à donner la raison de ce changement.

«Suite au décès d’Ali Saria, nous avons opté pour un hommage aux cinéastes algériens», dira-t-il. Un hommage qui n’est pas des moindres puisqu’il s’agit d’un panorama intitulé «40 ans de cinéma algérien ».

On retrouve sur grand écran des extraits des plus grands films algériens, à l’instar de Chronique des années de braise, Patrouille à l’Est, Inchallah dimanche, Cheikh Bouamama, le Clandestin, Omar Guatlatou, Rachida, Viva l’Aldjria, les Vacances de l’inspecteur Tahar, Indigènes et Mel watni.

Le montage est bien fait et montre un bel échantillon du cinéma algérien à son âge d’or. Ce premier jour qui a marqué la naissance des Journées cinématographiques d’Alger a cependant enregistré une défection, celle des autorités et responsables culturels qui étaient les grands absents de cette soirée inaugurale.

Pas le moindre directeur, pas l’ombre d’un représentant du ministère de la Culture.

Une présence, un geste auraient sûrement encouragé tous ces jeunes qui s’efforcent de faire renaître un art que leurs aînés ont porté aux nues avant de le précipiter dans les tréfonds de la médiocrité. Rappelons que les premières JCA se poursuivent jusqu’à mercredi prochain à la salle Cosmos avec une belle palette de films inédits.

Des conférences-débats animées par des professionnels sont également au programme à la salle Frantz Fanon.

Wafia Sifouane