Algérie Culture : Fergani a envoûté le public constantinois mardi soir

Algérie Culture : Fergani a envoûté le public constantinois mardi soir

On pourrait dire que le Festival international du malouf a été inauguré dans la soirée de mardi dernier !

Et ce, pour la simple raison que le pionnier de cette aria andalouse faisait son apparition sur la scène du TRC en dirigeant l’orchestre pilote de Constantine.

En effet, la présence «symbolique» sur scène de Hadj Mohamed Tahar Fergani aura donné une ambiance festive, mais aussi pleine d’émotion notamment dans le milieu local à l’occasion de cette manifestation musicale internationale.

Aussi, il faut dire que c’est un essai solennel que vient de faire la direction artistique du festival en ayant mis sur scène les anciennes et nouvelles figures du malouf dans un ensemble pilote constantinois.

Et quand le ton est donné parle «bâtisseur» El hadj Mohamed Taher Fergani, chef d’orchestre malgré son âge avancé… cela donne une touche spécifique à cette «gaada» authentique.

Rahmani, Branki, Bouchama, Touati, El Aïd, Zaza… sont des artistes de la troupe qui s’est illustrée avec Nouba el maya.

Fah Azahr, Katabtou Rissala, Ouahch kalbi… en étaient les fragments interprétés vocalement dans un théâtre plein à craquer.

A chaque montée de son et d’enchaînement el Hadj demandait aux femmes présentes des youyous comme pour se remémorer le bon vieux temps des plus de 50 ans de carrière musicale.

«La relève existe. Pour preuve, cet orchestre pilote renferme diverses générations. Je pense que le malouf se porte bien et se portera encore mieux avec ces jeunes au talent incontournable », confiera Fergani et d’ajouter : «Nous avons passé une dizaine de jours à répéter sans relâche. – Et qu’en est-il du secret de votre coup d’archet ? – Franchement, c’est un don du ciel…» ironisait le hadj sans pour autant s’étaler sur sa maîtrise instrumentale inimitable.

Sur un autre plan, il faut savoir que c’est grâce aussi au violoniste Merouani, enseignant au conservatoire communal et directeur technique du festival, que ces trouvailles ont pu se réaliser en dépit de quelques divergences… c’est ce qui caractérise d’ailleurs ce milieu artistique à Constantine.

Cette particularité est encore étayée par un mélomane instrumentiste qui a fréquenté la confrérie et qui suivait le spectacle depuis les balcons du TRC.

«Vous savez, je ne pense pas que cet orchestre puisse durer… Il est des mentalités difficiles à gérer dans le domaine», lâchera-t-il, sceptique.

Par ailleurs, questionné sur la qualité de l’oeuvre, il commentera : «Il reste du travail à faire pour cet orchestre pilote. C’est sans nul doute les contraintes liées au facteur temps qui laissaient quelques petits détails inhérents à l’absence parfois d’homogénéité du groupe».

Quoi qu’il en soit, c’est un avis de musicien dont le frère fait partie de cet ensemble.

Cependant, sur un autre ton, il tempère : «Vous savez, les qualités instrumentales et vocales sont indiscutables chez ces artistes».

Par ailleurs, on apprend, selon d’autres sources fiables, que c’était un peu difficile pour la direction artistique d’harmoniser du coup les esprits… et les musiques.

Il a fallu trouver la bonne méthode, voire du flegme pour accoucher de cette idée magistrale qui met en relief la vraie école constantinoise.

Malheureusement, celle-ci n’a pas vu la participation de Salim Fergani, prodige au luth, le fils du maestro, ou encore de cheikh Darsouni pour des raisons diverses.

Si le premier, d’après des sources concordantes, aurait décliné la participation à ce festival en raison du cachet qui lui a été proposé, jugé en deçà de sa dimension d’artiste, le second serait malade, ce qui l’a empêché de se produire dans l’ensemble de Constantine.

En somme, l’orchestre pilote aura envoûté le public qui clamait sans retenue El hadj Fergani pour avoir surtout gardé cette musique andalouse intacte et originale, en dépit des remontrances de quelques sphères locales émises depuis tout le temps, et, c’est un secret de Polichinelle, incriminant parfois les chouyoukh, dont Fergani, pour avoir la main mise sur «les archives…» de cette musique sans pour autant l’ouvrir intégralement aux initiés.

Cela étant un autre débat qui éclaterait au grand jour d’un éventuel développement objectif de cette musique notamment à Constantine.

Nasser Hannachi