Les établissements scolaires à travers le pays ont été sérieusement perturbés hier par un nouveau mouvement de grève, observé par les enseignants dans les trois paliers de l’enseignement.
Les établissements du secondaire et les collèges ont été touchés plus que ceux du primaire.
Le mouvement a été lancé à partir d’Alger, à l’appel de l’Intersyndicale autonome de la fonction publique (IAFP) dont les membres ont choisi délibérément la date du 5 octobre : Journée mondiale de l’enseignant.
Une manière de dire leur colère contre «les décisions du ministère de l’Education nationale qui vont à l’encontre des objectifs assignés à l’école».
La grève a été largement suivie dans toutes les wilayas, selon nos correspondants.
Les représentants des syndicats à l’origine du mouvement affichent une grande satisfaction quant aux résultats obtenus à la fin de la journée.
A la mi-journée, devrions-nous dire puisque des centaines de milliers d’élèves ont été appelés à rentrer chez eux avant la sonnerie de midi.
Le rassemblement prévu devant le siège du ministère de l’Education nationale a eu lieu mais pas tout à fait dans les conditions souhaitées.
Des policiers ont été mobilisés pour l’empêcher mais ils n’ont réussi qu’en partie.
Ils ont éloigné les enseignants du siège du ministère mais n’ont pas pu taire les voix qui dénonçaient, il est même approuvé. «Bon courage !», «bravo !», «vous avez raison !»… et d’autres expressions de soutien de la part des automobilistes.
Ces derniers sont restés sereins malgré l’encombrement et la grande chaleur qui revient soudainement en ces premiers jours du mois d’octobre.
C’est que les deux femmes, ainsi que leurs collègues qui ont répondu favorablement à l’appel de l’Intersyndicale, ont montré une grande détermination à reprendre la lutte syndicale.
Redouane Osmane, qui avait ravivé la flamme de cette lutte syndicale, drainant des centaines de milliers d’enseignants et d’autres travailleurs de l’éducation dans son mouvement, était aussi au rendez-vous.
L’homme est mort depuis deux ans mais il est là par ses mots. Des mots forts, retentissants, affirment ses camarades.
«La résistance est une utopie active qui refuse la fatalité de la résignation», lit-on sur la grande carte où l’on retrouve son visage plein de défi.
Les revendications des enseignants ne se limitent pas aux salaires, aux conditions de travail, à la retraite… mais elles concernent également les nouveaux horaires de travail que leurs représentants syndicaux ont pourtant approuvés lors de leur dernière rencontre avec le ministre, Boubekeur Benbouzid.
«Ça n’arrange ni les enseignants ni les élèves», entend-on dire des enseignants à la sortie de leurs établissements à Alger.
«Travailler jusqu’à 17h30, ce n’est pas une solution.» De nombreux élèves sont du même avis : «Ça nous fatigue et nous n’avons pas assez de temps pour les révisions à la maison».
Une autre solution s’impose mais laquelle ? Faudrait-il revenir aux anciens horaires ? N’est-il pas nécessaire d’inclure la journée du vendredi dans le nouvel emploi du temps ?
La question mérite un débat sérieux pour qu’on ne retombe pas dans les mêmes problèmes. Il y va de l’avenir des élèves et de toute l’école algérienne.
Par ailleurs, citons quelques chiffres donnés par nos correspondants en ce qui concerne le suivi de cette grève : entre 90 et 95% à Tizi Ouzou, 75% à Constantine avec des établissements paralysés à 100%, 67% à Annaba, entre 50 à 90% dans les 34 lycées de Bouira, etc.
A Aïn Defla, le mouvement de grève a été très peu suivi, selon notre correspondant.
Dans un communiqué transmis à l’APS, le ministère de l’Education nationale a qualifié d’insignifiante la grève, donnant un taux de suivi de 0,6% dans le cycle primaire, 1,8% dans le moyen et 28,60% au niveau du secondaire.
Karima Mokrani