Le 9 mars dernier, la présidence française a annoncé la facilitation de « l’accès aux archives classifiées de plus de 50 ans, notamment celles sur la Guerre d’Algérie ». Néanmoins, des historiens évoquent déjà des « entraves » quant à la concrétisation de cette mesure.
C’est l’historien français Gilles Manceron qui est revenu sur les mesures pouvant « entraver » le libre accès aux archives liées à la colonisation française en Algérie. Selon lui, « la déclassification au carton », comme l’a mentionné le communiqué du président Emmanuel Macron, « ne change pas grand-chose et continuera à entraver les recherches ».
Dans ce sens, il explique dans un entretien accordé au quotidien El Watan que cette mesure maintient « cette obligation d’un processus de déclassification, qui revient le plus souvent à donner le dernier mot à l’armée française pour décider aujourd’hui si tel ou tel document de l’époque peut être consulté ».
Ces parties qui cherchent à empêcher la mise en œuvre de la mesure
L’historien évoque en effet « des institutions administratives au sein de l’État et des groupes nostalgiques de la colonisation au sein de l’armée qui désapprouvent les annonces du président français ». Ces derniers « cherchent à empêcher la mise en œuvre de ces annonces ».
Donc, selon lui, il s’agit là du point le plus l’inquiétant dans ce « travail législatif à mener par le gouvernement (français) pour renforcer la communicabilité des pièces, sans compromettre la sécurité et la défense nationale ».
Ainsi, « la révision de la loi en vigueur sur les archives dans le sens d’une fermeture accrue » pourra intervenir suite à l’ouverture d’un chantier législatif sur la révision des délais de libre accès aux archives, a-t-il estimé.
Nécessité d’un « travail historique sur les essais nucléaires »
D’ailleurs, et à ce propos, il n’a pas caché ses craintes qu’une « nouvelle loi vienne aggraver la loi en vigueur en revenant sur la liberté d’accès aux documents, qu’ils soient pourvus ou non de tampons « secret » ».
Évoquant le dossier des essais nucléaires, sur lequel un « travail historique précis » doit être fait, pour pouvoir établir « l’ampleur des dégâts provoqués, ainsi que les dangers persistent pour les populations aujourd’hui », l’historien français souligne que l’accès aux documents concernant les disparitions forcées de la guerre de libération est « essentiel ».
Pour sa part, l’universitaire français Olivier Le Cour Grandmaison, rapporté par le même journal estime que le communiqué de l’Élysée est « une opération politicienne et de communication destinée à faire croire que le Président tient ses promesses ».