Algérie – France : Paris expulse 12 diplomates algériens et rappelle son ambassadeur

Algérie – France : Paris expulse 12 diplomates algériens et rappelle son ambassadeur

Les relations entre l’Algérie et la France connaissent un nouveau coup de froid. Ce mardi 15 avril, Paris a décidé d’expulser douze diplomates algériens en poste sur son territoire, en réponse à une mesure similaire prise par Alger quelques jours plus tôt. La tension monte d’un cran entre les deux capitales, mettant en péril le fragile processus de réchauffement engagé récemment.

Selon plusieurs sources diplomatiques, cette réaction en chaîne trouve son origine dans l’arrestation, en France, d’un agent consulaire algérien. Cet agent est soupçonné d’être impliqué dans une affaire touchant le blogueur algérien controversé Amir Boukhors, plus connu sous le pseudonyme d’Amir DZ, exilé dans l’Hexagone. Ce dernier aurait déposé plainte pour « intimidation et tentative d’enlèvement », ce qui a conduit à l’intervention de la police française.

À Alger, cette arrestation est perçue comme une violation flagrante des conventions diplomatiques, notamment la Convention de Vienne sur les relations consulaires, qui garantit l’immunité des agents diplomatiques et consulaires. Les autorités algériennes dénoncent une grave atteinte à leur souveraineté, estimant que l’affaire a été instrumentalisée à des fins politiques dans un contexte de tension.

Réactions contrastées des deux capitales

Du côté français, l’Élysée a publié un communiqué exprimant sa « consternation » face à la décision algérienne, la qualifiant d’« injustifiée et incompréhensible ». La France accuse l’Algérie de « méconnaître les règles élémentaires des procédures judiciaires françaises » et parle d’une « dégradation brutale » des relations bilatérales.

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Le ministre français délégué au Commerce extérieur, Jean-Noël Barrot, a appuyé cette position sur les réseaux sociaux :

« Les autorités algériennes ont choisi l’escalade : nous répliquons comme annoncé. En réponse à leur décision injustifiée et incompréhensible, nous expulsons 12 agents algériens et rappelons pour consultations notre ambassadeur. Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique. »

Pour Alger, cette déclaration ne fait que confirmer une attitude jugée condescendante et déséquilibrée. Une source diplomatique algérienne a indiqué que la décision d’expulser les agents français est « ferme et souveraine », dans le but de « protéger l’intégrité des institutions algériennes à l’étranger ».

Une normalisation compromise ?

Ces expulsions interviennent à un moment particulièrement délicat. Après plusieurs mois d’efforts pour relancer un dialogue bilatéral, marqués notamment par des échanges entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, ce regain de tension compromet gravement le processus de normalisation.

Paris continue d’insister sur le respect des accords bilatéraux, notamment en matière de coopération sécuritaire et migratoire, tandis qu’Alger semble exiger un respect plus strict de la souveraineté nationale et des normes diplomatiques internationales.

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Vers un gel des relations ?

La réciprocité des expulsions et le rappel de l’ambassadeur français pourraient marquer le début d’un gel diplomatique, comme cela s’est déjà produit par le passé. Si aucun canal de désescalade n’est rapidement réactivé, cette crise pourrait avoir des répercussions économiques et politiques, notamment sur les dossiers sensibles comme les visas, les échanges commerciaux, ou encore la coopération sécuritaire. Reste à savoir si la diplomatie finira par reprendre ses droits.