Algérie: la dynamique démographique aura des répercussions sur les plans économique et social

Algérie: la dynamique démographique aura des répercussions sur les plans économique et social

ALGER- La dynamique démographique semble connaitre « un changement inattendu avec probablement des répercussions tout aussi  inattendues sur les plans économique et social », a indiqué à l’APS  l’économiste Youcef Benabdallah dans son commentaire des données publiées mercredi par l’Office national des statistiques (ONS) sur l’évolution de la démographie algérienne.

La population résidente totale en Algérie a atteint 42,2 millions d`habitants au 1er janvier 2018 (contre 41,3 millions d’habitants au 1er janvier 2017) avec un volume de naissances vivantes en 2017 dépassant pour la quatrième année consécutive le seuil d’un (1) million de naissances, selon l’ONS.

A ce propos, cet expert en économie observe qu’après avoir chuté de manière accélérée durant les années 90, le taux de fécondité (nombre d’enfants par femme) connait une « remontée remarquable ». 

Ainsi, de 4,5 enfants/femme en 1990, cet indice est passé à 2,1 en 2000 avant de remonter à plus de 3 enfants/femme en moyenne à partir de 2012, note-t-il.

Ceci a conduit à une hausse des naissances vivantes qui sont passées de 589.000/an en 2000 à 1,06 million en 2017, soit une hausse de près de 80%, relève M. Benabdallah.

« S’agissant du taux d’accroissement naturel de la population, qui laissait croire à une transition démographique à l’instar des pays voisins (2,49% en 1990 et 1,48% en 2000), il s’est nettement retourné (1,92% en 2008 et 2,09% en 2017) », poursuit-il.

Pour le Professeur Benabdallah, « ce retournement démographique, s’il venait à se maintenir dans le moyen terme, pèserait plus ou moins lourdement sur les capacités à satisfaire les besoins qu’il générerait en terme d’éducation, de santé, d’emploi et de création de richesses ».

Aux yeux de cet économiste, les défis seront ainsi « nombreux », d’autant plus que le rapport de l’ONS, selon les hypothèses du statuquo, « laisse prévoir une hausse importante de la population dépendante (rapport des moins de 5 ans et des plus de 60 ans à la population en âge de travailler) du fait même de l’augmentation des naissances et de l’espérance de vie ». 

« Cela traduit parfaitement les effets à venir de la structure de la population sur l’économie en termes de besoins à satisfaire et surtout en termes d’efforts de productivité à consentir par la population employée pour prendre en charge le reste de la population », avance-t-il.

De l’avis de cet économiste, « le challenge pour les pouvoirs publics est une restructuration profonde de l’économie pour mettre en oeuvre de nouveaux moteurs de croissance pour  autonomiser la création de richesses du budget de l’Etat ». 

Selon lui, le taux de croissance moyen du PIB, aux environs de 3% sur les dernières années, « risque de baisser, si la conjoncture actuelle venait à perdurer, et de contraindre davantage les politiques économiques ».

Pour conclure, cet expert en économie signale que « les données démographiques actuelles se surajoutent aux autres données structurelles de l’économie pour appeler à de profonds changements ».