Sur la côte algérienne, entre la Méditerranée et le mont Chenoua, trône le Tombeau de la chrétienne. Propice au repos des défunts, c’est peut-être dans l’oubli éternel qu’il finira par tomber. Depuis des années, les visiteurs ne font que le constat de l’abandon des lieux.
Ni guides touristiques, ni brochures, pas le moindre manuscrit pour renseigner les éventuels curieux. Rien pour leur expliquer ce que représente cet imposant édifice. Seule une plaque indique que le mausolée a été classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 1982. Les visiteurs qui s’y rendent pour la première fois ne peuvent qu’admirer la façade du bâtiment, totalement hébétés.
Un mausolée avec une histoire millénaire
Pourtant, d ce tombeau multimillénaire regorge d’histoires. Selon certaines versions, le mausolée a été édifié en hommage à une impératrice d’origine romaine. Adulée par son peuple, cette souveraine avait pour nom Cléopâtre Séléné, fille de la reine égyptienne Cléopâtre elle-même.
Pour d’autres historiens, il s’agit d’un bâtiment construit par le roi maurétanien Juba II. C’est cette hypothèse qu’avait lancé Adrien Berbrugger, archéologue au service de Napoléon III. Il affirme que ce tombeau n’est en fait que le mausolée des rois berbères, effectivement édifié par Juba II. Ce dernier voulait consacrer une sépulture d’égale valeur à celle de ses propres ancêtres à l’image des majestueuses pyramides des pharaons d’Égypte, contrée d’origine de sa compagne.
Urgence de la restauration
Selon les visiteurs et journalistes sur place, l’unique entrée du monument est emmurée depuis 1994. À l’époque, les terroristes avaient menacé de faire sauter l’édifice. Ce qui a poussé les autorités à en condamner l’entrée. Rien n’a changé depuis, l’accès au Tombeau de la chrétienne reste interdit. Les gardiens n’empêchent pas les visiteurs de graver des noms et des dates sur les parois du monument.
Le monument funéraire laissé à l’abandon, résiste mal à une dégradation de plus en plus rapide. Des travaux de restauration ou de consolidation n’ont pas été engagés depuis des décennies. Les blocs tombent des murs qui s’effritent et jonchent le sol alentour. Entre les pierres, poussent des buissons et des arbrisseaux. Ces végétaux envahisseurs dégradent un peu plus le vestige et détruisent ses matériaux. Si rien n’est fait rapidement, le Tombeau de la chrétienne finira par ressembler à un nouveau berceau pour la flore algérienne.