Dans leur reportage, diffusé ce mardi 2 juillet sur Arte, Julie Peyrard et Sonia Amrane décryptent les quatre mois de manifestations pacifiques.
Les documentaristes racontent ainsi quatre mois de révolte en allant à la rencontre de ceux qui en sont à l’origine. Les promesses de l’aube croise les témoignages de jeunes (étudiants, chômeurs, supporters de foot ) avec les paroles d’observateurs et d’analystes ( écrivains, journalistes), esquissant le portrait d’un processus révolutionnaire.
Les deux réalisatrices recueillent le témoignage, peut-être trop brièvement, d’une petite dizaine de ces jeunes, souriants mais déterminés à dénoncer un système politique corrompu, et à ne pas revivre ce que leurs aînés, meurtris par le terrorisme et la violence des années 1990, ont vécu. « C’est très important que ça se passe bien parce qu’on a beaucoup vécu », explique pudiquement Randa, étudiante en architecture, évoquant à mots couverts cette « sale guerre » civile qui a fait près de 200 000 morts dans les années 1990. « La non-violence », le silmya (« le pacifisme »), sont donc au cœur du mouvement. Randa est membre des « brassards verts », un groupe de manifestants qui soignent les blessés pendant les manifestations et nettoient les rues après le passage du cortège.
Après l’annonce d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, vécue comme l’humiliation de trop en Algérie, le peuple se donne rendez-vous massivement chaque vendredi depuis le 22 février sur tout le territoire, derrière un slogan qui fédère : « Système dégage ! ».
Le verrou de la peur a sauté. Pacifisme, humour et nettoyage des rues après les manifestations : né sur les réseaux sociaux et impulsé par les jeunes, ce mouvement, d’une ampleur inédite, rassemble toute la société pour revendiquer démocratie et justice.
Le pouvoir, désormais incarné par Gaïd Salah, tâtonne et tergiverse, entre purge et tentatives de répression, pour maintenir le régime mais les algériens vont sortir encore une fois par millions le 20e vendredi, qui coïncide avec la fête de l’indépendance de l’algérie, le 5 juillet.