Né à Oran, à quelques encablures du Maroc, Cheb Khaled n’a jamais raté une occasion de dire qu’à l’époque, on n’y croyait pas trop aux frontières. Comme tous les voisins, Algériens et Marocains allaient et venaient, et tissaient des liens qui sont devenus aujourd’hui une source d’ennuis pour le roi du rai.
Dans un contexte marqué par une escalade dangereuse entre l’Algérie et le Maroc, Cheb Khaled a atterri hier au Maroc dans le cadre de sa nouvelle tournée. L’artiste, proche de certains responsables marocains, est passé saluer Mohamed Ben Aissa, ex-ministre marocain des Affaires étrangères et actuel maire de la commune de Assila.
Dans le bureau de ce responsable, se trouvait l’actuel ministre marocain de la Justice, Abdelatif Wahbi. Les trois hommes ont été pris en photo par le journaliste marocain Hatim El Batioui, qui, en partageant les images, a lancé une polémique qui a divisé les Algériens.
Des pages sur les réseaux sociaux et des médias en ligne se sont emparés des photos ou apparait Cheb Khaed en compagnie du ministre marocain. Sur un fond de tensions entre les deux régimes, la controverse est lancée. Entre ceux qui n’y voient aucun mal à poser avec un responsable marocain, et ceux qui trouvent déplacé qu’un Algérien chante dans un pays qui normalise avec Israël, le feu de la guerre des commentaires a été bien nourri.
Entre l’Algérie et le Maroc, Khaled se déchire
Certains ont reproché au roi du rai son emblématique sourire alors qu’à côté de lui se tenait un représentant d’un régime accusé par Alger d’être derrière l’assassinat de 3 ressortissants algériens. D’autres sont allés plus loin, en affirmant qu’il « vaudrait mieux qu’on lui retire sa nationalité algérienne vu qu’il a accepté de chanter avec les amis d’Israël ».
Khaled Hadj Brahim, qui est né et qui a grandi dans une Algérie ouverte sur le monde, et qui est aussi l’époux d’une femme Marocaine, ne sait plus aujourd’hui à quel saint se vouer. Sa situation résume le déchirement qui s’opère entre des milliers de familles depuis plusieurs mois maintenant, notamment après l’officialisation par le Maroc de la normalisation de ses relations avec Israël. La goutte de trop qui noyé les liens fragiles que Rabat entretenait avec Alger.
Il est à rappeler que le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, lors de son annonce de la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, a souligné que cette décision ne touchera pas les deux peuples. Cependant, cette décision censée être purement politique, ne pouvait hélas que prendre une dimension sociale, surtout après le lâche assassinat des trois Algériens au Sahara Occidental, un crime que le Maroc a évité jusque-là de commenter.