Quand on parle d’espionnage, ce sont peut-être les films de James bond qui nous viennent en premier lieu à l’esprit. Pourtant, dans le conflit qui oppose depuis quelques mois l’Algérie et le Maroc, ce ne sont pas des Sean Connery ou des Daniel Craig que l’on recrute.
Le tribunal d’Oran a condamné hier, pour espionnage, à huit ans de prison, un employé à la mairie âgé de 70 ans. L’on reproche au mis en cause son “intelligence avec l’étranger”, mais aussi des “offenses au président de la République”. La perquisition du domicile de l’accusé a permis de collecter des preuves assez solides.
Selon nos confrères du quotidien Liberté qui rapportent les détails de cette affaire, les éléments de la police, lors de la fouille du domicile du mis en cause située dans le quartier de Yaghmoracen, à Oran, a permis de retrouver un ordinateur portable, quatre téléphones portables, des cartes SIM d’opérateurs algérien, marocain et français, deux passeports algérien et marocain et une carte d’enregistrement au consulat général du Maroc à Oran.
Une histoire d’espionnage nord-africaine
Âgé de 70 ans, l’accusé, employé dans une mairie d’Oran, a été arrêté le 6 avril 2020, donc bien avant la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays voisins. Le commencement du rapprochement du mis en cause des services de renseignement marocain a commencé en 2008, selon les investigations des services compétents.
C’est un colonel marocain, sous couverture d’attaché culturel du consulat du Maroc à Oran qui a recruté l’accusé en 2005. Ce dernier était chargé de fournir au Maroc toutes sortes de renseignements, notamment sur les étudiants du Sahara Occidental en Algérie. Le mis en cause gravit vite les échelons jusqu’à arracher la nationalité marocaine en 2008.
La mère de l’accusé, décédée, lui aurait légué un lopin de terre de 350 hectares. La nationalité marocaine aurait permis au mis en cause d’entrer plus librement au Maroc pour régler certains obstacles administratifs en vue de récupérer son héritage.
L’accusé, le Maroc, et le Hirak
En se rendant au Maroc en 2018, le mis en cause rencontre le représentant d’une organisation non gouvernementale qui soutient la colonisation marocaine du Sahara occidental et chope l’ambition de créer une filiale en Algérie. Il déchante vite en 2019, car l’Algérie réaffirme son soutien à l’indépendance du Sahara Occidental.
Une autre tache est donc confiée au mis en cause. Il est chargé de collecter des renseignements sur l’évolution du mouvement du Hirak mais aussi de publier sur les réseaux sociaux des posts qui portent atteinte à l’Algérie. A la barre, le mis en cause nie en bloc.
“Ce n’est pas moi. Mon compte a été piraté et c’est pour cela qu’il y a des publications offensant le président de la République”, se défend-il. Il ajoute que son compte Facebook a été piraté, qu’il a été humilié au Maroc à cause de son algérianité, et affirme que la nationalité marocaine ne lui a rien apporté et ne lui a pas permis de récupérer son héritage.
20 années de réclusion criminelle assortie d’une amende de 500 000 DA ont été requis contre le mis en cause, finalement condamné à 8 ans de prison ferme.