Algérie: Pourquoi la rentrée sociale sera une rentrée apaisée

Algérie: Pourquoi la rentrée sociale sera une rentrée apaisée

RentreeSociale.jpgContrairement aux visions de sinistrose, il n’y aura pas d’implosion sociale à la rentrée sociale de septembre 2016. Il est normal dans tous les  pays du monde que les syndicats  manifestent leurs revendications, signe de vitalité de toute société.

Il ne faudrait pas cependant minimiser le danger du terrorisme et la grogne sociale (voir les rapports 2006 du MDN- de la DGSN et de la gendarmerie nationale), notamment les difficultés que traversent les couches défavorisées, maux qui ne peuvent être combattus efficacement que par  la mobilisation de la population par un retour à la confiance. Mais paradoxe, tout le monde veut profiter de l’Etat providence, l’erreur politique est d’avoir généralisé la gratuité sans ciblage, vision populiste suicidaire et dans  les  cafés et salons climatisés, ce sont ceux qui ont profité le  plus du système qui souvent le critiquent. 

 

1.-Les  quatre raisons d’une rentrée sociale «normale»

Premièrement, l’Algérie n’est pas dans la situation de 1986, où les réserves de change étaient presque inexistantes avec un endettement qui commençait à devenir pesant. Avec 122 milliards de dollars de réserves selon  la banque  d’Algérie fin 2016, 112 milliards de dollars selon le FMI,  et une dette extérieure inférieure à 4/5 milliards de dollars, ces réserves de change, richesses virtuelles qu’il s’agit de transformer en richesses réelles, si elles sont bien utilisées, peuvent à la fois servir de tampon social.

 Deuxièmement, vu la crise du logement, le regroupement de la cellule familiale concerne une grande fraction de la population et les charges sont payées grâce au revenu familial global. Mais il faut faire attention : résoudre la crise du logement sans relancer la machine économique prépare à terme l’explosion sociale.

 Troisièmement, grâce à leur travail mais également aux subventions étatiques, les familles algériennes ont accumulé une épargne sous différentes formes. Cependant, il suffit de visiter les endroits officiels de vente de bijoux pour voir qu’il y a « déthésaurisation » et que cette épargne est, malheureusement, en train d’être dépensée face à la détérioration de leur pouvoir d’achat. Cela peut tenir encore deux à trois ans. A la fin de cette période tout peut arriver.

 Quatrièmement, l’Etat, malgré des tensions   budgétaires  qui iront en s’accroissant, les dispositions de la loi de finances  2016,  certainement celle de  2017, continue à subventionner les principaux produits de première nécessité : il n’est pas question de toucher à deux produits essentiels pour les plus pauvres à savoir le pain et le lait. En revanche, à terme il s’agira de cibler les subventions qui généralisées sont insoutenables pour le budget. Pour rappel, sur les 28 milliards de dollars de subventions – sans compter les transferts sociaux – les carburants accaparent plus de 10 milliards de dollars.

 2.- Les perspectives

La population algérienne était de 40 millions d’habitants au 1er janvier 2016 et sera d’environ 50 millions  en 2030 avec une  la demande d’emplois additionnelle qui varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an, nombre d’ailleurs sous estimé puisque le calcul de l’ONS applique un taux largement inférieur pour les taux d’activité à la population féminine, représentant pourtant la moitié de la population active et dont la scolarisation est en forte hausse,  qui s’ajouteront au stock  de chômage. En projection, horizon  2030, avec la très forte consommation intérieure, le risque est que  l’Algérie aura épuisé des réserves d’hydrocarbures traditionnels,  entendu en termes de rentabilité financière notamment le pétrole 2020/2025, Et 2030 c’est demain et l’Algérie depuis l’indépendante politique a toujours  fonctionné sur la rente des hydrocarbures malgré des promesses sans lendemain.

L’Algérie a un répit seulement de trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions  sociales 2018/2020. Certes, à court terme, cette situation peut être  maîtrisable, sous réserve d’une plus grande rigueur budgétaire et d’une lutte contre les surcoûts, le gaspillage et la corruption. Avec la baisse des recettes de Sonatrach de 45%, il est indispensable d’accroître la fiscalité ordinaire : c’est là un exercice difficile sans pénaliser les activités productives et les couches les plus défavorisées.  Mais à moyen terne,  en cas de faiblesse de la production  interne, d’une réduction drastique des importations sans ciblage, qui favorisera forcément, comme dans tout pays touché par  la pénurie, la sphère informelle (c’est tune loi économique universelle) et par là un dérapage accéléré de la valeur  du dinar corrélée à la baisse des réserves de change, nous devrions assister à un processus inflationniste accéléré. Or, la  structure des sociétés modernes et puissantes qui dominent le monde, s’est bâtie d’abord sur des valeurs et une morale comme nous l’ont  enseigné les grands penseurs dont  le grand sociologue Ibn Khaldoun.

Ce qui renvoie à l’Etat de droit et à une démocratie dynamique conciliant efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale à laquelle je suis profondément attachée n’ étant  nullement l’antinomie de l’efficacité Il s’agit   de rétablir la confiance entre les citoyens et les institutions de la république, de préserver les libertés individuelles et consolider la justice sociale,  non pas l’égalitarisme,  afin que les algériens vivent   dans leur différence, acceptent  le dialogue productif,  afin  de construire ensemble leur pays et  d’y vivre dignement. Le gouvernement  doit être aussi conscient que sans réformes structurelles (directives du président de la république) , évitant les replâtrages et les discours populistes, il ya risque de tensions sociales aigues horizon 2018/2020. Evitons les utopies. Comme je l’ai annoncé dans plusieurs chaines de télévisons et quotidiens nationaux  récemment (1), Il ne faut pas s’attende à des miracles tout au plus  souhaitons en cas d’entente entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, ( l’OPEP représentant moins de 35% de la production commercialisée mondiale avec la dominance de l’Arabie Saoudite)  le  gel de la production ( mais à quel niveau celui de juillet/aout 2016 étant déjà un niveau record ? ) de la  production du pétrole lors  de la réunion  fin septembre à Alger, et non pas  comme le supputent certains experts à une réduction, les fondamentaux  étant la croissance de l’économie mondiale  et le nouveau modèle de consommation énergétique qui se mettra en place   entre 2017/2030. La crise peut être surmontée  car l’Algérie recèle d’importantes potentialités, et elles sont énormes. L’ALGERE A TRAVERS SON HISTOIRE MILLENAIRE  S’EN  EST TOUJOURS SORTIE  DES CRISES ET S’EST   TROUVEE  RENFORCEE GRACE AUX IMMENSES  ENERGIES DE SON PEUPLE