Pour faire face à la question énergétique, défi majeur de ce 21e siècle, l’Algérie continue de chercher de nouvelles sources et d’explorer, avec ses partenaires, de nouvelles pistes. Cette fois, il s’agit d’étudier, avec la Russie, la possibilité de développer la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire.
C’est à cet effet que ce mardi 30 août 2022, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a reçu, Sem Valerian Shuvaev, le nouvel Ambassadeur de la Fédération de Russie en Algérie.
Les deux parties ont parcouru ensemble les accords de partenariats et les relations de coopération entre les deux pays dans le domaine de l’énergie et des mines. Des relations que le ministre et l’ambassadeur ont d’ailleurs qualifiées d’excellentes. Puis ils ont étudié les opportunités d’affaires et les perspectives d’investissement en Algérie.
Algérie-Russie : vers le développement de l’énergie électronucléaire
Selon la même source, le ministre Mohamed Arkab et l’Ambassadeur de Russie ont évoqué les opportunités d’investissement entre l’Algérie et la Russie dans plusieurs domaines énergétiques. Le communiqué cite notamment : les hydrocarbures (exploitation en amont et en aval du pétrole et du gaz), la maintenance et le transport de l’électricité, la fabrication locale de pièces de rechange, mais aussi et surtout, l’électronucléaire (production de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire). Il a en outre été question, durant cette rencontre, de la formation d’ingénieurs qualifiés dans ces différents secteurs.
Après présentation du nouveau cadre réglementaire qui régit les activités liées aux hydrocarbures en Algérie, le ministre a invité les entreprises russes à investir davantage dans le domaine énergétique à travers l’établissement de partenariats gagnant-gagnant avec les compagnies algériennes assurant échange d’expérience, transfert de savoir-faire et de technologie.
| A LIRE AUSSI : Essai nucléaire Algérie, un vent chargé de traces s’invite en France
Les deux parties ont également étudié sur les possibilités de coopération dans des champs autres que celui de l’énergie. Elles se sont ainsi penchées sur l’exploration et l’exploitation minière en Algérie (or, terres rares, pierres précieuses, marbre) ; la cartographie géologique ; la production d’engrais et de fertilisants ; la transformation du phosphate.
Enfin, le ministre algérien et l’Ambassadeur de Russie ont tenu à souligner la concertation permanente entre les deux pays dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) ainsi qu’à saluer le processus du dialogue entre les pays de l’OPEP+ pour la stabilisation du marché pétrolier à moyen et long terme.
Électronucléaire : quel potentiel pour l’Algérie ?
L’adjectif électronucléaire désigne, en physique « ce qui produit de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire (centrale électronucléaire) ». Employé comme nom commun, le terme renvoie à « l’ensemble des techniques et procédés utilisés pour générer de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire ».
L’Algérie possède à ce jour deux réacteurs nucléaires : un à Aïn Oussara (Djelfa), un autre à Draria (Alger). Le réacteur Essalam (paix) d’Aïn Oussara, construit en coopération avec la Chine et mis en service depuis 1993, est destiné à la fabrication de produits radiopharmaceutiques, à l’analyse par activation neutronique, à l’exploration de la matière et à la formation. Fonctionnant à l’eau lourde, celui-ci peut délivrer une puissance de 15 mégawatts.
Quant au réacteur de Draria (ou NUR, pour Nuclear Uranium Reactor), c’est un réacteur nucléaire à eau légère d’une puissance d’un mégawatt. Il a été construit en collaboration avec l’entreprise argentine INVAP et fut inauguré officiellement en 1989. Le NUR est un réacteur nucléaire de recherche conçu pour « utiliser de l’uranium enrichi à 20 %, un modérateur en graphite et un refroidissement à eau légère ».
En outre, le Commissariat de l’énergie atomique (COMENA) informe sur son site officiel que « les actions de préparation et de mise en œuvre progressive de l’infrastructure nécessaire pour l’introduction de l’énergie nucléaire sont en cours ». Entre autres mesures, l’organisme cite :
- La planification énergétique ;
- La mise en place des infrastructures d’énergie nucléaire (centres de recherche, instituts de formation spécialisés, unités d’engineering) ;
- La mise à niveau de la législation et de la réglementation ;
- Les efforts consentis pour l’intégration industrielle ;
- Le renforcement des capacités en matière de sûreté et de sécurité nucléaires,
- La préparation aux situations d’urgence ;
- Le développement des activités liées au cycle du combustible et à la gestion des déchets nucléaires ;
- La contribution aux Études de sites.