Trois jours nous séparent de la rencontre Algérie-Rwanda pour la qualification à la Coupe du Monde et déjà on en parle dans toutes les chaumières, les salons de coiffure, les cafétérias et les stations de bus ou de taxi et même dans les mosquées.
Bref, les causeries sur le foot vont bon train dans tous les coins et recoins, à mesure que le jour de la rencontre approche.
L’ambiance festive s’ébauche à travers tous les villages, petites et grandes agglomérations et villes du pays.
« Le match nous inquiète et nous sommes déjà émus », dira d’emblée un groupe de jeunes assis au pied d’un immeuble à la rue de la Lyre près de la place des Martyrs Alger.
Plus au fait de la rencontre, Nouredine, supporteur du CR Belouizdad, la quarantaine, confie son petit « souci ».
« La victoire de l’Egypte contre la Zambie, mettra plus de pression sur les Verts. » Très pensif, Mohamed, la trentaine et fan du Mouloudia Club d’Alger ne veut pas entendre parler d’une quelconque défaite de l’Equipe nationale.
« Les Verts vont charger les Rwandais », réplique-t-il vivement, contre le pronostic négatif de son compagnon.
Assurément, « l’équipe nationale renvoyait longtemps une image méconnaissable, mais pour l’actuelle, que la Baraka du Puissant soit sur elle ! Elle nous fait vraiment rêver !», lance Nouredine avec un regard étincellant.
Plein d’émotion, Fawzi Staïfi, originaire de Sétif, comme son nom l’indique, dira : «Si les Verts gagnent et l’Egypte perd c’est un peu l’indépendance ».
Le patriotisme ressuscité
Le patriotisme qu’on croyait à jamais effiloché est sans conteste ressuscité par cette brillante formation, faisant l’une des rares sinon l’unique nouvelle fierté nationale.
« N’habou laâlam yetlaâ. » « Nous aimerions que notre emblème national soit brandi dans la cour des grandes nations du football», diront d’une seule voix Rachid et Boudjemaâ respectivement fans de l’Usma et de la JSK rencontrés aux alentours de l’ex-rue d’Isly.
« N’challah iban laâlam en Afrique du Sud », poursuivent-ils. Faisant le parallèle avec l’équipe modèle de 1982, Marouane, coiffeur de son état, prévoit déjà une probable réédition de l’exploit algérien face à l’Allemagne lors de l’édition de l’Afrique du Sud.
« N’challah ntihou maâ l’Allemagne et on remet çà !» pronostique Nabil très optimiste. Sur la même longueur d’onde, Fatah, réceptionniste d’hôtel, s’est même permis d’affirmer que « tout le peuple algérien est confiant en les Verts » et d’ajouter : « La qualification au Mondial symbolisera la réussite de la jeunesse algérienne longtemps marginalisée ».
« Cette rencontre est dans la poche », assurera Farid qui voit les Verts passer comme un rouleau compresseur sur la modeste équipe du Rwanda, qui toutefois ne se présentera pas en touriste en sus de ses chances pour la qualification à la Coupe d’Afrique.
Chemin faisant, une scène typique ayant pour théâtre la deuxième station de bus de la place des Martyrs illustre bien l’effervescence d’avant- match : dans une ambiance bon enfant, le chauffeur et son employeur s’adonnaient carrément au pari sur le score de la rencontre.
« Si les Verts passent à côté et perdent le match, je multiplie trois fois ton salaire à la fin du mois », dira avec une certaine assurance l’employeur face à son chauffeur remplaçant qui vient de pronostiquer un score de 2 à zéro en défaveur de l’équipe nationale.
Connaissant l’état d’esprit de son patron, le chauffeur qui voulait le taquiner a lancé des clins d’oeil à ces collègues.
Avec leur aide, il a réussi à faire sortir de ses gonds le patron au point de s’enfuir. Plus loin, un groupe de jeunes lycéens disent avoir donné le mot pour rejoindre la ville des Roses afin d’assister à la rencontre en s’habillant aux couleurs nationales.
Au vu des préparatifs qui se tiennent déjà ici et là, la ville des Roses sera envahie par des milliers de supporteurs venant des quatre coins du pays.
La presse sportive met le paquet
La presse sportive a mis le paquet en prévision de cette rencontre qui se tiendra l’après-midi de dimanche prochain au stade Tchaker de Blida.
Les manchettes des quotidiens sportifs foisonnent ces jours-ci d’entretiens, d’analyses et divers thèmes se rapportant à cette rencontre sont débatus par les lecteurs fans ou non des Verts, explique le propriétaire du kiosque de la place des Martyrs.
Il est à peine 10h, quand Boussaâd venant acheter son quotidien sportif favori est retourné bredouille.
En effet, lors de notre tournée, il a été constaté que rares sont les kiosques où l’on peut se procurer un quotidien sportif à cette heure de la matinée.
MOHAMED BOUFATAH