Algérie,Tonic Emballage devient officiellement une entreprise publique

Algérie,Tonic Emballage devient officiellement une entreprise publique

La décision était attendue depuis longtemps: le groupe privé Tonic Emballage, en état de faillite, passe officiellement dans l’escarcelle de l’Etat et devient une entreprise publique économique. Un Directeur général par intérim est désigné alors que les travailleurs ont entamé un mouvement de grève.

Le Groupe Tonic Emballage s’appellera depuis le 14 avril Tonic Industrie et devient une Entreprise publique économique (EPE). Ses 10 sociétés Sarl sont donc la propriété de l’Etat. La gestion du portefeuille des titres de ces dix Sarl a été confiée, par décision du Directeur général du Trésor, à la Société de gestion des participations de l’Etat Chimie-Pharmacie (SGP – GEPHAC), selon une note d’information diffusée au sein des entreprises du Groupe.

Le même document, daté du 16 avril 2011, indique que la SGP GEPHAC « a désigné le Président directeur général de la nouvelle entreprise Tonic Industrie, Directeur général par intérim des dites sociétés, et ce en attendant la mise en œuvre du processus de leur absorption par cette dernière ».

Le Directeur général par intérim est Mourad Khobzi, qui signe cette note d’information. C’est un ancien directeur de développement du Groupe Industriel du Papier et de la Cellulose (GIPEC, Spa). Les dix sociétés Sarl concernées par cette décision sont : Tonic Emballage, Model Emballage, Haulote Algérie, Ouate Industrie et Fabrication, Poly Paper, Alpina Board, Alstra Construction, Post Print, General Taka, et OD Béton. La mise en faillite du groupe Tonic Emballage a été confirmée par voie judiciaire en décembre 2009. Tonic Emballage, PME familiale spécialisée dans le recyclage du papier, avait contracté au début des années 2000 le plus gros crédit de l’histoire en Algérie, plus de 80 milliards de dinars (1,1 milliard de dollars) dont 65 milliards engagés par la seule Badr Bank. Un crédit qui a eu des suites judiciaires. L’option d’une reprise par des industriels algériens avancée paraissant irréaliste en raison du volume de la dette du groupe, la nationalisation semblait la seule voie. Elle a mis cependant du temps à se faire.

Débrayage des travailleurs

Ce changement de statut est intervenu la veille d’un débrayage qui a débuté ce dimanche. Plus de 400 travailleurs sur les 500 que comptent les 4 unités de la société Ouate Industrie et Fabrication Sarl sont entrés aujourd’hui en grève illimitée. Ils ont des revendications sociales portant essentiellement sur la titularisation des personnels contractuels, l’élaboration d’une convention collective, pour l’ensemble des 2.500 travailleurs du Groupe, une hausse des salaires, et l’amélioration des conditions de travail.

Selon Rachid Arkat, délégué et porte-parole des grévistes, les contrats de travail du personnel contractuel ne sont pas conformes à la législation algérienne du travail. Ne précisant pas les motifs de la durée limitée, les contrats à durée déterminée (CDD) « sont donc en infraction avec l’article 12 du Code du Travail », dit-il. A ce propos, il lance un appel au ministère du Travail et de la sécurité sociale « afin qu’il mette fin au piétinement de la législation et de la passivité de l’inspecteur du travail de Koléa vis-à-vis de ce conflit ».

L’autre revendication concerne l’augmentation de 15.000 à 18.000 dinars du salaire de base des salariés de la filiale Ouate Industrie, dont « une majorité ne dépassent pas des salaires net de 20.000 DA », selon M. Arkat.

Licenciement abusif

Par ailleurs, les grévistes réclament aussi un salaire égal pour les travailleurs occupants le même poste, une hausse des primes et des indemnités. La prime de nuisance, actuellement de 1.500 DA, devrait être calculée, selon eux, à 15% du salaire de base. Ils souhaitent également voir augmenter la prime de panier à 300 DA contre 150 DA actuellement. Ils réclament également « l’arrêt immédiat des licenciements abusifs et la réintégration de tous les personnels arbitrairement écartés », « favoriser la désignation de jeunes cadres à la tête des différentes unités de production à la place des retraités et des incompétents qui n’ont aucune politique de gestion fiable », et « diligenter une enquête sur les modalités de désignation de tous les directeurs des différentes unités et déterminer leurs mérites à occuper de pareils postes », selon le communiqué n°1 de la grève. Les délégués des travailleurs grévistes souhaitent ouvrir la porte du dialogue avec le nouveau directeur général par intérim désigné tout récemment par la SGP GEPHAC.