«La crise de régime entamera bientôt son sixième mois. Il est parfaitement erroné de prétendre qu’un semestre c’est peu et que cela ne compte pas dans les longs parcours des nations», a écrit le président de Talaie el Hourriyet Ali Benflis, estimant qu’il n’y a pas de temps à perdre pour aller vers les véritables solutions à la crise politique qui secoue le pays.
Dans une contribution publiée hier dans le quotidien El Watan, Ali Benflis souligne «Par temps de grave crise, chaque jour, chaque semaine et chaque mois qui passent pèsent plus que d’ordinaire», avant de poursuivre «l’Algérie n’a pas le temps pour elle, et c’est une évidence… C’est le propre des crises qui durent de multiplier les défis dans leur sillage.
C’est leur particularité de transformer les chemins praticables de leur solution en chemins impraticables en raison de l’accumulation d’obstacles nouveaux que le temps génère dans son passage. Et c’est leur caractéristique de prendre d’autres dimensions qu’elles n’avaient pas à l’origine», souligne Benflis qui considère que la crise demeure essentiellement politique.
En expliquant que les crises politiques sont les mères de toutes les autres crises, cette crise dans notre pays «a incontestablement le pouvoir d’agir en facteur déclenchant sur d’autres crises latentes ou potentielles de nature économique et sociale», et «c’est là que réside sans conteste le danger le plus grave et le plus imminent qui menace notre pays», selon l’ancien chef du gouvernement qui insiste pour le règlement de la crise politique dans les plus brefs délais pour éviter «une entrée inévitable dans l’engrenage de la crise économique et sociale dont tous les mécanismes se mettent inexorablement en place».
Dans son analyse, le président de Talaie el Hourriyet souligne le caractère illégitime de l’exécutif en place dépourvu de crédibilité également et affirme que «toutes les situations auxquelles est actuellement confronté notre pays au plan politique comme aux plans économique et social sont des situations d’urgence absolue».
Il n’omettra pas d’avertir que le scénario cauchemar « résiderait dans une convergence des crises politique, économique et sociale dont les effets cumulatifs le feraient entrer en territoire inconnu et le mettraient face à des épreuves d’une tout autre complexité et d’une tout autre envergure qu’il devra affronter en position de faiblesse et dans les conditions les moins favorables».
Revenant sur les équilibres macro-économiques que l’embellie financière exceptionnelle des années 2006-2014 faisait miroiter, ils n’ont jamais été le produit d’une économie productive flamboyante «jusqu’à sa fin survenue à la mi-juin 2014, c’est un renchérissement sans précédent des cours pétroliers qui les maintenait sous stéroïdes avant leur effondrement comme un château de cartes» selon lui, avant d’énumérer les secteurs concernés par les scandales à l’instar de l’agriculture et les finances «tout un système bâti autour du crime national organisé s’est substitué à l’Etat austère, garant de l’intérêt général et comptable des deniers publics».
Poursuivant sa lecture «même sans la crise politique, ce désastre économique aurait constitué un héritage bien lourd à porter, qui exige un plan Orsec de son ampleur et à son échelle, or aucun plan de ce genre n’est à l’ordre du jour comme s’il n’y avait absolument rien à signaler».
En faisant le constat de la situation avec une croissance en berne et un emploi en recul, «le pouvoir d’achat subit de plein fouet le double assaut de l’inflation et de l’érosion de la valeur de la monnaie nationale», a-t-il soutenu avant d’évoquer la campagne en cours contre la grande criminalité politique, économique et financière où le système bancaire avait donné un coup d’arrêt brutal au financement de l’économie.
«La gestion du commerce extérieur est dans la navigation à vue. Les réserves de change fondent comme neige au soleil. Les déficits publics se creusent et atteignent des niveaux inquiétants.» Pour Ali Benflis, toutes ces situations auxquelles est actuellement confronté notre pays au plan politique comme aux plans économique et social sont des situations d’urgence absolue.
Synthèse Ilhem Tir