Ali benflis dans un entretien au journal le monde: « Le régime prépare sa reconduction à huis clos »

Ali benflis dans un entretien au journal le monde: « Le régime prépare sa reconduction à huis clos »

«Pour les prochaines élections, les jeux sont déjà faits…»

Le président de Talaïou El Houriyet, Ali Benflis, également ex-chef du gouvernement (2002 – 2003) et candidat malheureux à l’élection présidentielle d’avril 2014, accuse à travers son entretien publié hier sur le journal français Le Monde, «le régime veut préparer sa reconduction à l’abri des regards ou à huis clos».



«Le régime est affairé à préparer sa reproduction et sa reconduction. Cet objectif, il entend le mener à bien à l’abri des regards indiscrets et des voix critiques», a-t-il fait savoir. En étayant son appréciation, il indique que «les jeux sont déjà faits pour les prochaines élections» car «les deux lois, celle portant régime électoral, l’autre relative à une prétendue instance électorale indépendante, adoptées récemment à l’APN, organisent la tricherie politique et la fraude». De même, aujourd’hui encore, note-t-il, «le régime qui a verrouillé les médias publics, multiplie les pressions sur les journaux indépendants, car il se sait fragile». «Face au dé-sastre économique, au risque d’instabilité sociale, le pouvoir a la tentation de régler les problèmes à huis clos, d’où le raidissement que nous observons actuellement», a-t-il estimé. En outre, poursuit-il «le régime communique en intimidant, en utilisant les vieilles recettes des régimes autoritaires».

«Dès que sa survie est en jeu, il s’attaque à la liberté d’expression»,a-t-il commenté. «L’instrumentalisation de la justice à des fins politiques est un secret de Polichinelle», a-t-il ajouté. En réponse à une question liée à la présidentielle de 2019, il s’interroge si le futur président sera coopté au sein du sérail ou va-t-on enfin s’en remettre au peuple souverain? Et de prédire que «le premier cas ne présagera rien de bon pour le pays». Au sujet des prochaines élections, il estime que «le pays a besoin d’un pacte entre l’opposition et le pouvoir, qui permette d’aboutir à la tenue d’un scrutin honnête sous supervision d’une instance indépendante car tout le monde sait que les élections à tous les niveaux sont entachées de fraude». Il a souligné qu’alors que «le pays se trouve dans une impasse politique et une dégradation avancée, tous les problèmes sont laissés en jachère (…) et les dirigeants tentent d’anesthésier la population, en affichant leur assurance et en prétendant avoir une stratégie anticrise».

En réalité, fait-il observer, «le seul combat que mène le système vise à gagner du temps. Ce n’est pas l’Algérie qui est à bout de souffle, mais le régime qui la dirige». Aujourd’hui le choix est clair: «Aller vers la modernité ou risquer le chaos», a-t-il plaidé. Sur un autre plan, il indiquera que «la situation économique est gravissime». «Le coeur de l’économie algérienne bat au rythme des cours pétroliers. La rente pétrolière représente 97% des recettes d’exportations, 70% du budget de l’Etat. (…) les réserves financières s’épuisent et plus grave que tout: le gouvernement apparaît impuissant et tétanisé. Chacun sait que le problème n’est pas comptable, mais structurel», a-t-il noté. Concernant l’opposition qui n’arrive pas à se mobiliser, Benflis défie le régime: «Qu’on organise des élections honnêtes et on verra si nos partis n’arrivent pas à mobiliser», appuie-t-il. Talaïou El Houriyet, déjà implanté dans 1300 communes sur 1500, d’après son président sera-t-il partie prenante des prochaines élections de 2017? «Nous le déciderons en temps voulu», a-t-il soutenu. «En Algérie, la vie démocratique est réduite à une portion tellement réduite que la question de participation se pose», a-t-il conclu. Concernant l’après-4e mandat, il indique que «la politique a horreur du vide, puisque les centres de décisions du pouvoir ont été accaparés par des forces anticonstitutionnelles», déplore-t-il. «Elles agissent dans la proximité immédiate avec la présidence de la République: ce sont des forces de clientélisme, certaines forces économiques, de l’argent douteux. La nouveauté c’est qu’il n’ y a plus d’homogénéité au sein du sérail, d’où les divergences qui s’étalent dans les médias», affirme-t-il.