bouzid chalabi
Rencontré en marge de la conférence du Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (Care), tenue récemment sur les expériences de transitions économiques à travers les exemples de la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie, Ali Hamani, président de l’Association des producteurs algériens de boissons (APAB), nous livre, dans cet entretien, ses appréhensions sur la réduction des importations de poudre de lait décidée par le gouvernement afin de baisser la facture d’importation car jugée élevée par le gouvernement.
Reporters : La mesure du gouvernement de revoir à la baisse les volumes d’importation de poudre de lait va-t-elle impacter négativement l’activité des utilisateurs de cette matière première ?
Ali Hamani : C’est inévitable. Et, par effet d’entraînement, des dizaines de postes d’emploi risquent d’être touchés. Se retrouver devant une telle situation ne manquera pas de soulever la colère des professionnels, notamment ceux qui ne peuvent se passer d’une quantité déterminée de poudre de lait pour rentabiliser leurs activités.
D’après vous, existe-t-il un moyen, tout en maintenant la réduction des volumes d’importation, de ne pas trop pénaliser les transformateurs de poudre lait ?
Ce qui est étonnant dans cette mesure, c’est que tous les acteurs sont logés à la même enseigne. En effet, figurez-vous que les vendeurs en l’état de poudre de lait bénéficient du même quota que ceux qui la transforment pour produire du lait en sachet pasteurisé. Ce dont nous avons fait part aux ministères du Commerce et de l’Agriculture, leur demandant de rectifier le barème en vigueur. Nous considérons que les transformateurs ont droit à un quota qui puisse ne pas trop pénaliser leurs activités. En clair, il aurait été préférable de revoir à la baisse le quota imparti aux grossistes revendeurs en l’état et de faire en sorte que la réduction concerne autant les revendeurs que les transformateurs, car je vous l’ai dit plus haut, des postes d’emploi risquent de disparaître. Cela m’offusque de constater que nos décideurs ne font pas la différence entre les besoins d’une laiterie et ceux des dépositaires.
Je tiens par la même occasion à faire savoir que cette disparité dans le barème des quotas tire sa véritable raison du fait que certains opérateurs du circuit ont usé et abusé de dérogations, dont ils ont bénéficié, et autres autorisations d’importations qu’ils leur ont été accordées sans pour autant que le gouvernement ne réagisse. Tel est l’état de lieux.
Selon vous, pour que la décision de réduction des volumes de poudre de lait ne pénalise pas trop les transformateurs, quelle serait le dispositif le plus approprié ?
C’est, en priorité, de mettre en place un cadre légal. C’est-à-dire instaurer des règles strictes afin de barrer la route aux dérives qui n’ont servi qu’à dilapider l’argent du Trésor public. Et ce sera aussi tout au bénéfice des véritables professionnels du secteur.