“Ali la chèvre et Ibrahim” d’El Bendary régale les journées cinématographiques de Bejaia

“Ali la chèvre et Ibrahim” d’El Bendary régale les journées cinématographiques de Bejaia

BEJAIA- Le film « Ali la chèvre et Ibrahim » (2016), de l’Egyptien Sherif El Bendary, projeté aux journées cinématographique de Bejaia, a régalé le public par son intrigue empruntée sans fard au théâtre de l’absurde.

Projeté mercredi soir, le film, une co-production franco-égyptienne, est une farce totalement déjantée, à la fois folle et burlesque, mais très bavarde car portant un regard décalé et sans concession sur la société en générale et égyptienne en particulier et les misères existentielles qui s’en cachent.

El Bendary, dans un style qui n’est pas sans rappeler « les Rhinocéros » d’Eugene Ionesco, la figure de proue du théâtre de l’absurde, y dresse, pour ce faire, un portrait de deux anti-héros, Ali et Ibrahim, mis face à eux mêmes et à leur insoutenable existence, errant sans le moindre repère au point de perdre leur identité. La vie psychologique ayant pris, chez eux, le pas sur la réalité physique.

Ali est un illuminé qui, pour guérir d’un drame amoureux après la chute de sa fiancée du haut d’un pont sur le Nil, ne trouve pas mieux que d’adopter une chevrette dont il s’éprend aussi passionnément. Il mange, dort, sort et se promène avec elle et va jusqu’à lui confier ses confidences et secrets, croyant intimement qu’elle l’entend, prenant pour preuve ses bêlements.

Au fond de lui même, il est quasi convaincu qu’elle est la réincarnation de sa fiancée, la considérant en conséquence comme un être humain à part entière. Elle est sa douce et irremplaçable « Nada ».

Sa mère, lasse de le voir « dériver » décide alors de l’envoyer chez un guérisseur où il croise, Ibrahim, un ingénieur du son, souffrant d’acouphènes chroniques, des parasites perçus dans l’oreille, voire dans la tête, et qui en est perturbé au point de vouloir se donner la mort.

Leur point commun : ils sont la risée du quartier et de leur entourage immédiat.

Aussi pour en sortir, et sur les conseils de leur guérisseur, ils entreprennent, accompagnés de Nada, un voyage « thérapeutique » à travers l’Egypte dont l’opportunité va entretenir profondément leur amitié. Mais au bout du périple, étalé entre le Caire, Alexandrie et le Sinaï, le miracle n’a pas eu lieu. Ils sont restés toujours prisonniers de leurs maux, Voire pire, Ali qui a perdu Nada, lors d’une altercation avec des voyous, a dû sombrer dans une folie.

Une comédie délirante, dont chacun des fils résonnent à la fois comme un plaidoyer pour la différence et un réquisitoire contre les préjugés et les pesanteurs sociales.