Chaque année, le débat autour du régime alimentaire idéal pendant le mois de Ramadan refait surface, accompagné des mises en garde des professionnels de la santé. Ces derniers alertent sur les dangers de la surconsommation d’aliments riches, de sucreries et de boissons sucrées, ainsi que sur l’insuffisance de l’hydratation.
En parallèle, des campagnes de sensibilisation comme « Défi du jeûne sain » gagnent en popularité sur les réseaux sociaux. Toutefois, la question essentielle demeure : les Algériens suivent-ils vraiment ces recommandations ou restent-ils fidèles à leurs habitudes culinaires ancestrales ?
Les tables algériennes pendant le Ramadan sont reconnues pour leur variété et leur abondance. Les plats traditionnels, bien que savoureux, sont souvent considérés comme « lourds » d’un point de vue nutritionnel. Le repas de rupture du jeûne inclut généralement des soupes épaisses comme la chorba, des bricks farcis, des plats mijotés à base de viandes et de légumineuses, sans oublier les multiples variétés de desserts et de pâtisseries imbibées de miel.
Malgré les préconisations des spécialistes encourageant une alimentation plus légère et un apport suffisant en eau, la réalité est souvent tout autre. Les excès alimentaires, combinés à un mode de vie plus sédentaire durant ce mois, peuvent entraîner divers troubles digestifs et métaboliques.
Ramadan : l’opportunité d’adopter un meilleur régime alimentaire ?
Selon la nutritionniste Dr. Asma Mehmah, le Ramadan représente une opportunité unique pour adopter un mode de vie plus sain. Pourtant, au lieu d’être une période de détoxification naturelle du corps, il se transforme souvent en une phase de surconsommation. Cependant, elle observe une évolution des comportements alimentaires, notamment chez les jeunes et les femmes, qui semblent plus réceptifs aux conseils diététiques.
Dr. Mehmah souligne que les excès en sucre et en lipides sont les principales erreurs commises pendant le Ramadan. « Un régime équilibré, avec des repas légers et nutritifs, permettrait d’éviter la fatigue et les troubles digestifs », explique-t-elle. Elle insiste également sur l’importance de l’hydratation, un aspect souvent négligé, la consommation d’eau étant fréquemment remplacée par des sodas et jus industriels.
Culture alimentaire des Algériens : qu’en pensent les professionnels de la santé ?
Le Dr. Fethi Ben Achnou, spécialiste en santé publique, met en avant le rôle crucial des campagnes de sensibilisation.
Il estime que les réseaux sociaux et les médias doivent mieux informer les Algériens afin d’améliorer leur culture alimentaire durant le Ramadan. « L’exagération alimentaire pendant le mois sacré a des conséquences à long terme sur la santé publique, avec une augmentation des cas de diabète et d’obésité », alerte-t-il.
Il pointe également du doigt une erreur courante : la faible consommation d’eau entre l’iftar et le début du jeune. Une hydratation insuffisante peut causer des problèmes digestifs, une baisse d’énergie et des migraines. « Boire suffisamment d’eau, au moins 1,5 à 2 litres par soirée, est essentiel pour éviter les complications », recommande-t-il.
Si les traditions culinaires algériennes restent prédominantes pendant le Ramadan, un changement progressif s’opère chez une partie de la population, sensible aux questions de santé et de bien-être. L’adoption d’une alimentation plus équilibrée et d’un mode de vie plus actif pourrait permettre d’optimiser les bienfaits de ce mois de jeûne. Les campagnes de sensibilisation et les initiatives personnelles jouent un rôle essentiel dans cette transition vers une meilleure hygiène de vie, faisant du Ramadan une véritable opportunité de transformation individuelle et collective.