La perte « massive » du cheptel bovin laitier est l’une des « conséquences graves de la crise » que traversent actuellement les éleveurs à cause de la hausse des prix de l’alimentation, ont indiqué mercredi des représentants de la filière lait.
« La filière lait en général et les éleveurs en particuliers font face actuellement à un drame, qui est celui de l’abattage du cheptel laitier importé en devise », affirme Walid Bouabdellah vice-président de l’Organisation nationale de développement agricole (ONDA).
S’exprimant lors d’une conférence de presse, M. Bouabdellah, affirme que 50% du cheptel est perdu à cause de la hausse des prix de l’alimentation, conséquence de deux années de sècheresse.
Ces pertes ont été notamment essuyées par des petits éleveurs essentiellement des jeunes investisseurs des wilayas du nord du pays qui n’ont pas assez de terres pour produire du fourrage.
« C’est dramatique de voir une race de vache de renommée internationale importée à raison de 300.000 DA finit dans les abattoirs », a-t-il regretté appelant les pouvoirs publics à intervenir pour « apporter des solutions à cette situation catastrophique ».
Les membres de l’ONDA proposent comme solutions « urgentes », l’installation d’une commission nationale pour étudier la révision du prix de revient du litre de lait cru estimé par les éleveurs à 70 DA, alors qu’il est cédé actuellement à 40 DA.
La sècheresse qui a sévi ces deux dernières années a réduit la production fourragère, d’où la forte hausse des prix des aliments.
La botte de paille est cédée à 500 DA en pleine saison et atteint 1.000 DA en hiver, alors que celle de foin a franchi les 1.500 DA sans oublier le son dont le quintal s’affiche à 3.000 DA.
M. Bouabdellah s’est interrogé sur le fait que l’Etat subventionne la poudre de lait importée à raison de 37 DA/litre contre une prime de 12 DA/litre accordée à l’éleveur local. « Dans ce cas, nous sommes en train de soutenir l’éleveur étranger et pas le notre », a-t-il dit.
Les professionnels suggèrent aussi l’application des articles de la loi d’orientation agricole de 03 août 2008 qui prévoit la création d’un observatoire pour chaque filière agricole et l’installation du Conseil supérieur de l’Agriculture afin de débattre des grandes questions agricoles et trouver des solutions aux problèmes des agriculteurs.
L’Etat accorde à la filière lait environ 45 milliards de DA par an au titre de soutien aux éleveurs, collecteurs, transformateurs, et aux producteurs de fourrage.
Les besoins en lait de l’Algérie sont estimés à cinq (5) milliards de litres par an, dont les deux tiers (3,5 milliards de litres) sont produits par les laiteries locales, le déficit étant de 1,5 milliard de litres qui est couvert par les importations de la poudre.
Celles-ci ont atteint un niveau historique en 2014 avec une facture de 1,8 milliard de dollars.