La polémique sur l’accueil des réfugiés en Allemagne redémarre après l’agression au couteau commise vendredi dans une rue commerçante de Hambourg par un demandeur d’asile débouté, un acte qualifié d’attentat par les autorités locales.
Le bilan s’établit à un mort, un homme de 50 ans poignardé dans un supermarché, et six blessés, cinq hommes et une femme, dont certains grièvement.
Alors que la police et le ministre de l’Intérieur de la ville-Etat hanséatique doivent faire le point sur l’enquête et les motivations précises de l’assaillant lors d’une conférence de presse à 12H00 (10H00 GMT), les dommages politiques collatéraux sont déjà visibles.
« Colère »
Le maire de Hambourg, Olaf Scholz, a révélé en effet que l’auteur de ce qu’il a dénonce comme un « attentat odieux » était un demandeur d’asile débouté. Mais qui n’avait pu être reconduit à la frontière faute de documents en règle.
« Ce qui me rend encore plus en colère est que l’auteur est manifestement quelqu’un qui cherchait refuge en Allemagne et qui a détourné sa haine contre nous », a-t-il dit vendredi soir.
« Il s’agit manifestement d’un étranger en instance de départ mais qui ne pouvait pas être expulsé parce qu’il n’avait pas de documents d’identité », a-t-il regretté.
Politiquement, ce point est très délicat pour les autorités allemandes.
S’il se confirme que l’attaque au couteau est un attentat à motivation islamiste, le lien sera inévitablement fait avec le précédent acte de ce type, l’attaque au camion-bélier contre le marché de Noël à Berlin en décembre (12 morts).
Elle avait été commise par un Tunisien, Anis Amri, qui était dans une situation juridique identique: demandeur d’asile débouté, il n’en demeurait pas moins en Allemagne car sans papiers. La Tunisie, pendant plusieurs mois, n’avait pas reconnu qu’il était l’un de ses ressortissants.
Le gouvernement allemand a depuis durci les règles, en facilitant les expulsions de migrants considérés comme dangereux par la police et en renforçant leur surveillance.
Le maire de Hambourg a réclamé désormais un nouveau tour de vis. « Ceci montre à quel point il est urgent que ce type d’obstacles pratiques et juridiques aux expulsions soient levés », a-il dit.
Le débat autour des migrants, qui a empoisonné Angela Merkel pendant des mois suite à sa décision controversée d’ouvrir les portes du pays aux réfugiés en 2015, risque donc de ressurgir, alors la chancelière conservatrice pensait en être débarrassée à l’orée des élections législatives du 24 septembre.
Elle est du reste très nettement remontée dans les sondages ces derniers mois, à mesure que la question des migrants refluait dans les préoccupations de l’opinion, après l’arrivée de plus d’un million d’entre eux en 2015 et 2016.
Son parti démocrate-chrétien (CDU/CSU) est en tête des sondages à 40%, loin devant les sociaux-démocrates.
Liens islamistes
En perte de vitesse depuis des mois, la droite nationaliste allemande de l’AfD, qui dénonce l’arrivée de migrants musulmans dans le pays, s’est engouffrée dans la brèche après Hambourg.
Une de ses responsables, Beatrix von Storch, a estimé que l’attaque « était liée à l’islam ». « Essayez enfin de comprendre », a-t-elle twitté à l’adresse d’Angela Merkel.
L’auteur de l’agression de Hambourg est un homme de 26 ans originaire des Emirats arabes unis. Il viviait dans un foyer de migrants de Hambourg, qui a été perquisitionné vendredi soir par la police.
Selon les médias allemands, il était connu des autorités pour ses liens avec les milieux islamistes. Mais certains soulignent aussi qu’il souffrait de problèmes psychologiques et se droguait. Ce qui laisse des zones d’ombre sur ses motivations.
La police a jusqu’ici dit enquêter « dans toutes les directions ».