Le sélectionneur allemand Joachim Löw, loin, très loin de l’état de grâce dont bénéficie Didier Deschamps à la tête des Bleus, aborde le quart de finale de Coupe du monde face à la France sous le feu nourri des critiques de la presse nationale qui lui reproche ses choix tactiques et son entêtement.
N’est pas Deschamps qui veut… Joachim Löw, modeste joueur de deuxième division allemande, ne peut à la différence de son homologue français se prévaloir d’une invincibilité de dix matches en Coupe du monde. Une aura à la DD qui ne serait pas inutile à l’heure où l’ancien adjoint de Jürgen Klinsmann lors du Mondial 2006 doit faire face à une avalanche de critiques suite à la plus que poussive performance de ses troupes en huitième de finale face à l’Algérie (2-1, a.p.). Une prestation si inquiétante que tout un pays se met à craindre le prochain adversaire de la Mannschaft ce vendredi, en quarts de finale de la Coupe du monde, au Maracana de Rio.
L’équipe de France inspire d’autant plus le respect outre Rhin que les coéquipiers de Manuel Neuer ont affiché des limites préoccupantes face aux admirables Fennecs de Coach Vahid. Loin, si loin des débuts tout feu tout flamme dans la compétition de la sélection face au Portugal (4-0). Et la presse allemande de tirer à boulets rouges au lendemain de cette qualification au forceps. « Un tour de passé, mais comment ?! L’Allemagne n’a jamais vraiment maîtrisé l’Algérie en 120 minutes. Derrière, la défense a coulé, devant, Müller a buté« , tançait Der Spiegel. « Schürrle et Neuer top – le reste est une honte« , taclait encore Bild. Et le quotidien allemand de clairement envisager une sortie de route face à la France pour peu que Löw ne révise pas sa copie : « But du talon et victoire chanceuse ; si on continue comme ça, on se fait sortir par la France, Jogi ! » On est loin du mythe de l’équipe allemande sûre de son jeu et des hommes censés l’incarner.
Löw : « Nous ne pouvons pas toujours pratiquer un football fantastique »
A commencer donc par un sélectionneur qui concentre l’essentiel des critiques pour ses choix tactiques et surtout son entêtement. De quoi trancher là encore avec le coaching à géométrie très variable de Deschamps. L’adaptation de Philipp Lahm en milieu de terrain, la motivation de Mesut Ozil ou encore les piètres performances de son équipe sont parmi les nombreuses sujets de critiques depuis le début de la compétition. Pour autant, à la veille du choc face aux Bleus, Joachim Low met les choses au clair.
« Dans mon esprit, le rôle de Philipp Lahm est bien défini et je vais le maintenir dans cette position (milieu récupérateur, ndlr) jusqu’à la fin. Il reculera sur le terrain uniquement si nous avons un problème à droite. Mais cela sera un cas d’urgence et nous devons éviter que les situations d’urgences apparaissent« , a déclaré le sélectionneur allemand au journal Die Zeit, avant de prendre la défense de Mesut Ozil : « C’est un joueur très important pour nous, les critiques sur Ozil sont aussi incompréhensibles que celles qui concernent Lahm« , a-t-il ajouté. Et Löw de poursuivre : « Nous ne pouvons pas toujours pratiquer un football fantastique durant une Coupe du monde. Nous devions juste gagner et c’est ce que nous avons fait« , a analysé l’ancien adjoint de la Mannschaft lors du Mondial allemand de 2006.
Une défense un peu trop courte pour permettre de calmer les détracteurs d’une défense trop fébrile, où deux centraux en club, Benedikt Owedes et Jerome Boateng, affichent leurs limites sur les côtés. Ou encore les navrés de l’inconstance de Mario Götze et Mesut Ozil, deux joueurs fragilisés par leur saison en club. Sans même parler de la dépendance à un Thomas Muller…
Les griefs sont nombreux pour une Mannschaft qui peine depuis maintenant dix-huit ans et l’Euro 1996 à perpétuer l’adage sur un football se jouant à onze contre onze et où les Allemands gagnent toujours à la fin. Et sa récente évolution vers un jeu plus séduisant, caractérisé par une possession de balle record sur ce Mondial (*), qui n’a pourtant rien d’une garantie de succès – la référence espagnole en la matière l’a prouvé à ses dépens – ne risque pas de convaincre les nostalgiques de cette efficacité implacable (voir par ailleurs). En attendant, Löw est prêt, on l’aura compris, à mourir avec ses idées…
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