La chambre haute du Parlement allemand a rejeté vendredi un projet de loi visant à débouter plus facilement les demandeurs d’asile algériens, marocains et tunisiens. Une décision aux allures de désaveu pour la chancelière Angela Merkel, qui souhaite désormais réduire le nombre de migrants.
Au Bundesrat, la chambre qui représente les États régionaux (Länder), l’opposition conjointe des Verts et de la gauche radicale Die Linke aura eu raison de ce texte controversé, qui avait pourtant été adopté l’an dernier par les députés du Bundestag. Mais la chambre basse ou le gouvernement peuvent toutefois faire appel de cette décision devant une commission spéciale, rappelle l’agence DPA.
Concrètement, le gouvernement voulait inscrire les trois pays du Maghreb sur sa liste des pays dits « sûrs », comme c’est déjà le cas pour les pays des Balkans non membres de l’UE. Cela aurait permis aux services de l’immigration de rejeter de façon quasi-automatique les demandes d’asile de leurs ressortissants, sans même avoir à motiver ces refus.
« Un mauvais jour »
Le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a déploré la décision du Bundesrat, évoquant « un mauvais jour dans nos efforts pour stopper l’immigration illégale ». Après avoir accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015, l’Allemagne cherche désormais à renvoyer plus rapidement ceux qui ont été déboutés.
Le sujet est devenu très sensible, notamment depuis les agressions commises sur des femmes le soir du Nouvel An 2015 à Cologne, attribuées par la police à des hommes originaires d’Afrique du Nord. Le cas du Tunisien Anis Amri, auteur de l’attentat perpétré en décembre à Berlin (12 morts), avait également créé une vive polémique. Malgré le refus de sa demande d’asile, celui-ci n’avait jamais été expulsé en raison de quiproquos administratifs.
Les associations de défense des droits de l’Homme avaient dénoncé l’inscription des trois pays maghrébins sur cette liste de pays sûrs en raison notamment des discriminations visant les homosexuels, les atteintes à la liberté d’expression et les cas de torture qui y sont recensés.