La diplomatie algérienne est particulièrement active depuis quelques mois. Dans le cadre de ses efforts pour se repositionner sur la scène internationale, l’Algérie vise à reconquérir son titre d’alliée des opprimés, et de protectrice des droits des peuples.
Cette lancée diplomatique survient toutefois à l’ombre d’une escalade avec le voisin marocain. Une nouvelle crise qui n’est pas proche de son dénouement, notamment avec la confirmation faite par Israël qu’elle fera désormais partie du jeu.
Si le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, s’est exprimé à maintes reprises, depuis aout dernier, à propos de la crise algéro-marocaine, il est rare d’entendre, outre Amar Belani, d’autres diplomates s’aventurer sur ce terrain.
Aujourd’hui cependant, lors d’un discours prononcé à la 28e réunion du Conseil des ministres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Stockholm en Suède, Faouzia Mebarki, ambassadrice d’Algérie en Autriche et représentante permanente auprès de l’OSCE, a fustigé l’alliance entre le Maroc et Israël.
L’intervenante a fortement dénoncé « les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales en Palestine et au Sahara Occidental, où les droits des peuples palestinien et sahraoui sont bafoués, violés, foulés au pied, par les États occupants, respectivement Israël et le Maroc ».
Menace de destruction contre la méditerranée
La diplomate n’a pas manqué de souligner que « la région Scandinave a tant milité pour la Paix et la Sécurité internationales et spécifiquement en méditerranée », hélas déplore-t-elle, le pourtour méditerranéen risque d’être négativement impacté par la crise entre Israël et la Palestine d’un côté, et entre le Maroc et le Sahara occidental de l’autre.
En effet, L’ambassadrice de l’Algérie en Autriche a affirmé qu’il est « urgent » d’ouvrir un dialogue entre palestiniens et israéliens et entre Sahraouis et Marocains. Ne rien faire, estime-t-elle, revient à « laisser les situations pourrir et la guerre se poursuivre entre les protagonistes » ce qui va finir « par déstabiliser, voire détruire directement ou indirectement toute la méditerranée ».
L’ambassadrice indique qu’il ne s’agit pas d’un discours alarmiste, vu que « l’escalade récente dans notre région montre que, sous couvert de normalisation, Israël et le Maroc entendent s’appuyer mutuellement pour continuer à piétiner le droit international ».
Pour étayer ses accusations, la diplomate déclare qu’elle ne citera que quatre « actes d’hostilité et d’agression caractérisées menés par le Maroc contre l’Algérie », les « plus récents », précise-t-elle. Il s’agit notamment de l’affaire Pegasus, l’assassinat de 3 routiers algériens au Sahara Occidental, « l’appui politique, diplomatique, logistique et financier à des organisations visant la sécession et déclarées terroristes en Algérie », et enfin, l’achat par le Maroc de drones kamikazes israéliens.
« Choisir l’agression est une preuve de faiblesse et d’impuissance. Construire la Paix, la vraie exige la bravoure, le courage et le sens des respirations de l’histoire », a affirmé enfin la diplomate algérienne.
Accords d’Abraham : cimetière de l’Initiative arabe de paix
La diplomate algérienne n’est pas allée par quatre chemins. Selon elle, le rapprochement entre le Maroc et Israël est loin d’être une chose qui puisse être dans l’intérêt du peuple palestinien. Faouzia Mebarki indique que les accords d’Abraham « enterrent définitivement l’Initiative arabe de paix « .
Cette initiative, rappelle la même intervenante « offrait la reconnaissance d’Israël par tous les États arabes, en même temps, contre la solution à deux États séparés, vivant côte à côte en paix et en sécurité ». Chose qui a été finalement « dédaigneusement rejetée par Israël ».
Un refus qui a été suivi par la « la conclusion d’accords séparés » afin de « semer la division au sein de la Nation arabe », analyse l’ambassadrice d’Algérie en Autriche.
La diplomate explique qu’à cette sournoiserie diplomatique israélienne, s’ajoute sa barbarie militaire. Elle rappelle notamment que « des enfants (palestiniens) sont jugés par un tribunal militaire et condamnés à de lourdes peines ».
C’est pour toutes ces raisons que « l’Algérie ne reconnait pas l’État d’Israël » et qu’elle est « contre le sionisme ». Il s’agit, estime Mme Mebarki, « d’une conception du monde fondée sur l’expansionnisme et sur l’apartheid au mépris du Droit International ».
L’Algérie n’est ni raciste ni antisémite !
La diplomate algérienne, qui a mené la délégation algérienne à cette rencontre, n’a pas manqué de répondre à ceux qui traitent l’Algérie d’un état anti-sémite. Elle affirme qu’il s’agit de « médias assujettis à des financements lobbyistes » qui tentent de faire croire que l’Algérie serait « contre la religion juive », et que les Algériens seraient donc « antisémites », « racistes », voire « haineux ».
Selon cette ambassadrice, il faut « mettre es points sur les « i » en rappelant que l’antisionisme n’est pas synonyme d’antisémitisme ». Elle rappelle que « les Algériens, en tant que peuple arabo-berbère, sont sémites ». Elle ajoute que « tous les descendants de Sem sont sémites qu’ils soient juifs, chrétiens, musulmans ou même athées ».
« C’est l’Algérie qui a exclu le régime d’apartheid de l’enceinte des Nations Unies », rappelé encore la diplomate qui affirme avoir été présente au démantèlement du Comité spécial des Nations Unies contre l’apartheid en 1990, après que Nelson Mandela fut libéré.