Présent hier à la 21e Journée sur le développement durable, organisée par l’Ecole nationale polytechnique (ENP) d’Alger, Nouredine Bouterfa, ministre de l’Energie, a affirmé qu’il y aura moins de pétrole dans les trois prochaines décennies, indiquant ainsi que les capacités de production pétrolière baisseraient en 2030 à 30 millions de tonnes/an contre 50 millions de tonnes/an en 2015 et 41 millions/an en 2000. Il y aura également moins de volumes à exporter.
L’essentiel de cette production pétrolière sera, dit-il, transformé en Algérie. Quant au gaz naturel, les capacités de production vont augmenter à 117 milliards de m3/an contre 85 milliards de m3 en 2016. Toutefois, ce relèvement de production sera confronté à une forte hausse de la demande domestique qui sera estimée à 69 milliards de m3 en 2030, contre 40 milliards en 2015 et 20 milliards en 2000. Cela impose naturellement une transformation du modèle de consommation actuelle, avec comme priorité le développement du renouvelable et la promotion de l’efficacité énergétique. C’est ce à quoi les autorités se sont attelées. Le processus n’en est qu’à ses débuts. Et, c’est dans ce sens que les élèves ingénieurs de l’ENP ont présenté à l’occasion de cette journée un modèle énergétique à 50% durable en Algérie qui permettra d’économiser jusqu’à 88 milliards de dollars d’ici à 2030. Le professeur Chems Eddine Chitour qui les encadre exulte. Il s’agit d’une stratégie énergétique basée sur la rationalisation de l’eau, la valorisation des décharges, les traitements des eaux usées, l’exploitation des forêts, le transport électrique, la régénération des huiles usagées ainsi que des actions dans le domaine de l’agriculture. Elle inclut la généralisation des énergies renouvelables dans le Sud algérien qui permettra d’aller vers la locomotion électrique. Le gain en matière de gaz naturel serait de 15,6 à 35,1 milliards de m3 en 2030. Au total, sur les 12 ans à venir, le gain serait entre 109 et 246 milliards de m3, soit 39 à 88 milliards de dollars. En outre, 6,3 milliards de litres d’essence peuvent être économisés avec l’introduction du Gaz de pétrole lubrifié (GPL) et un million de voitures électriques. Quant à l’exploitation des produits de la forêt, elle permet d’économiser 400 000 Tep par an ou encore 3 millions de barils de pétrole par an, d’après les estimations avancées par Chitour, soulignant également que tout devrait être récupéré, recyclé. C’est une transition vers le développement humain durable qui repose sur une stratégie énergétique qui devra être flexible et constamment adaptable. La nouvelle vision, si elle est bien expliquée au citoyen, serait féconde. Chitour a insisté sur le rôle de l’éducation appelant à la transformer radicalement pour réaliser ces objectifs. Nous devons, a-t-il ajouté, prendre le train du progrès en formant à l’école l’éco-citoyen de demain puis en mettant en place un Bac du développement durable et en invitant les nouveaux métiers du développement humain durable dans la formation professionnelle et à l’université. 90 milliards de dollars d’investissements dans l’électricité et les hydrocarbures
A l’évidence, devant une consommation non maîtrisée et devant la chute des prix de pétrole, le pays ne peut pas continuer ainsi. Il peut mettre en œuvre une politique volontariste basée sur une sobriété énergétique. La solution consiste à diminuer l’intensité énergétique, consommer moins en consommant mieux, développer les énergies renouvelables et la mobilité électrique qui remplacera graduellement la mobilité thermique, et d’aller vers les prix réels de l’énergie. Noureddine Boutarfa semble apprécier les conseils de Chitour, soulignant l’impératif d’améliorer l’efficacité énergétique afin de réussir la transition énergétique et d’assurer la pérennité du modèle algérien en matière d’énergie à l’horizon 2030. Il faut, relève-t-il, intégrer la donne de l’efficacité énergétique (…). « Si l’on fait du renouvelable mais en consommant mal, poursuit-il, on ne fait qu’aggraver notre situation. Selon lui, si l’efficacité énergétique n’a pas beaucoup évolué durant les années précédentes, cela est dû notamment à l’abondance de l’énergie primaire et à son prix, mais les indicateurs énergétiques changent. Les capacités de production électrique dans le renouvelable installées pourront atteindre raisonnablement en 2030 les 12.000 mégawatts contre près de 500 mégawatts actuellement. Et ces 12.000 mégawatts d’origine renouvelable correspondent à 25 térawatt heures seulement, alors que la consommation nationale d’électricité va atteindre 166 térawatt heures en 2030 (contre 70 térawatt heures en 2015 et 25 térawatt heures en 2000). Commentant le projet du modèle énergétique à 50% durable en Algérie, Bouterfa a estimé qu’il s’agissait d’un « bel objectif » permettant de se projeter sur l’image du modèle énergétique que donnera Algérie à l’avenir. Toutefois, cette transformation nécessite de dégager des ressources financières importantes. Les besoins d’investissements dans les secteurs de l’électricité et des hydrocarbures pour la période 2020-2025 avoisinent les 90 milliards de dollars. Il faut trouver d’autres ressources, ne pas compter que sur le secteur des hydrocarbures et réfléchir sur les transformations à apporter sur notre économie pour faire en sorte que notre avenir soit vert à 50%