Alors que la facture des importations augmente : Le secteur industriel en panne

Alors que la facture des importations augmente : Le secteur industriel en panne

Le prix fort de la léthargie industrielle

Les importations de marchandises de l’Algérie en 2008 et 2009 dépasseront les 70 milliards de dollars, soit un seuil sans précédent dans l’histoire économique du pays. L’économie nationale paie ainsi le prix fort de sa triple dépendance : pétrolière, alimentaire et technologique. Conséquence d’une économie atteinte par le syndrome hollandais, comme l’explique si bien notre chroniqueur Mustapha Mékidèche, “la participation du secteur industriel à la création de richesses reste très marginale”. Plongée dans une longue léthargie, l’industrie ne couvre qu’une maigre partie des besoins domestiques dans nombre de segments d’activité, notamment le textile, la sidérurgie et la mécanique. Elle se caractérise également par la quasi absence de productions à forte valeur ajoutée. Son insuffisante intégration est à l’origine, entres autres, de l’envolée des importations ces dernières années.



Remède : une stratégie industrielle a été élaborée en vue de rendre l’économie nationale plus compétitive et plus diversifiée, avec cette garantie d’assurer le développement durable du pays à moyen et long terme. Elle attend depuis plus de deux ans sa mise en œuvre, faute d’un consensus au niveau des hautes sphères du pouvoir. Cette nouvelle politique, inspirée du modèle sud-coréen, vise à l’émergence de champions nationaux, c’est-à-dire de grandes entreprises susceptibles de tirer l’économie vers le haut. Résultat de telles tergiversations au sommet de l’état, l’industrie reste en panne.

Pendant ce temps, on assiste à la visite à Alger d’opérateurs étrangers, davantage intéressés par le commerce que par le partenariat. Avec cette perception, en un mot, d’une Algérie transformée en comptoirs commerciaux. Pour inverser la tendance, l’exécutif a arrêté une série de dispositions en vue d’encourager la production nationale et défavoriser l’importation. Elles restent insuffisantes.

En ce sens, les deux plans de relance des années 2000 ont visé la modernisation des infrastructures et non la réindustrialisation du pays. Or, les deux urgences peuvent aller de paire. Les deux grands chantiers peuvent contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population. Du coup, les investissements publics massifs de ces six dernières années ont largement profité aux entreprises étrangères. Le prochain plan quinquennal

2010-2014 devrait préparer nos entreprises à reconquérir les parts de marché grignotées par l’importation et l’agressivité des firmes étrangères, si l’on veut sortir du cercle de la dépendance. L’accélération de la mise en œuvre de la stratégie industrielle et la promotion réelle du secteur productif privé, avec comme perspectives d’énormes gains dans la création d’emplois, pourraient amorcer la dynamique de croissance qualitative. À défaut, l’Algérie restera indéfiniment à la croisée des chemins. Le scénario attentiste fera ancrer la croyance de la prééminence de la sphère marchande et des intérêts rentiers sur la création de valeur, sur la production de biens et services. Ce qui risque d’assombrir l’horizon pour des millions de jeunes qui seront tentés de plus en plus par “el-harga”