La question portant sur la nécessité de contenir l’Etat islamique, connu sous le nom de Daesh, en Libye, est vite revenue pour meubler les articles de la presse française.
«Pour éradiquer le ´´cancer Daesh´´ et ses métastases libyennes», une action militaire est jugée indispensable à l’horizon de six mois, voire avant le printemps, entend-on à la Défense», souligne le Figaro dans son édition d’hier.
La question posée au représentant diplomatique français en Algérie, Bernard Emié, aux termes de sa visite à Constantine, dans une conférence de presse, ne manquera pas de recevoir une réponse négative, l’ambassadeur ayant affirmé à L’Expression: «Il n’ y a pas de projet d’intervention militaire française en Libye, il y a en revanche un travail que nous faisons au plan diplomatique pour essayer de trouver une solution politique à cette crise libyenne et nous travaillons d’ailleurs avec une vision très convergente avec celle de l’Algérie en appui aux efforts du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé spécial, donc c’est cela aujourd’hui notre agenda.
Essayer de former un gouvernement d’union nationale en Libye avec le concours de toutes les parties intéressées par la crise dans ce pays, nous avons intérêt à la stabilité de la Libye et naturellement, nos amis Algériens ont un très grand intérêt, car c’est un pays voisin et cette crise a effectivement des conséquences directes sur l’Algérie et c’est pour ça que nous sommes en soutien aux efforts du secrétaire général des Nations unies.»
«Le diplomate aurait-il parlé trop vite?
Cette déclaration intervenait la veille même des attentats de Paris. «Le diplomate aurait-il parlé trop vite?», rapporte L’Expression dans son édition au lendemain des attentats. Les donnes ont changé, notamment avec cet accord libyen ayant réussi à former un gouvernement d’union nationale. La feuille de route de la France quant à une éventuelle intervention militaire pourrait, en effet, changer.
Dans ce contexte, Le Figaro souligne «des vols de reconnaissance ont corroboré la poussée de Daesh, depuis les rivages de Syrte, vers les sites pétroliers et la zone des trafics transfrontaliers du Sud. L’extension des zones contrôlées par l’État islamique, à quelques centaines de kilomètres des côtes de l’Europe, le «basculement» en Libye de terroristes venus du Levant, mais aussi du Yémen et du Soudan, la menace de Touareg et de tribus du Sud, constituent aussi des paramètres de cette équation complexe et devenue une priorité».
D’où, indique encore le même organe de presse, «les encouragements prodigués par Paris au nouvel envoyé spécial de l’ONU, Martin Kobler et à l’entente des parties libyennes. À charge pour celles-ci de mener ensuite la lutte contre Daesh, grâce aux pays qui proposeront leurs troupes. Une autre hypothèse ne peut être exclue, puisque l’euphémisme domine à l’hôtel de Brienne. «Faute d’un accord politique entre Libyens, la France poursuivrait son travail pour mettre sur pied une coalition militaire.» Tout semble renseigner sur une prochaine intervention militaire en Libye. Si cela venait à se confirmer, quel serait l’impact sur les pays voisins, notamment avec cette nouvelle rapportée par l’organe de presse El Chourouk (tunisien) faisant état de 1000 terroristes qui tentent de s’introduire en Algérie?
L’Algérie ne restera pas les bras croisés
L’Etat algérien va certainement rester en retrait d’une intervention militaire en Libye optant pour une solution interne entre les Libyens favorisant le concept de non-ingérence et d’une politique pacifique.
Néanmoins, l’Algérie ne restera pas les bras croisés. Parfaitement imprégnée des tenants et aboutissants d’une telle croisade, elle s’inquiètera de la sécurité de ses frontières. D’ailleurs, depuis le début de la crise en 2011 l’Algérie mobilisera tous les moyens pour préserver la sécurité du territoire. D’abord, par une stratégie de prévention, l’exploitation du renseignement opérationnel et par un plan d’offensive et contre-offensive. Non sans avertir sur les conséquences dramatiques pouvant conduire à l’irréparable. L’Algérie maintient un degré de vigilance très élevé tout en conservant l’alerte maximale aux frontières.
Des moyens humains et matériels draconiens ont été mobilisés dans le cadre de la sécurisation de sa bande frontalière. Possédant une expérience dans la lutte antiterroriste incontestable comme en témoignent même les plus grandes puissances mondiales, l’Algérie participe régulièrement à des manoeuvres militaires contre le terrorisme, à l’image de celles organisées en Afrique du Sud. Cela pour renforcer ses capacités d’intervention contre d’éventuelles surprises en provenance des pays en crise qui l’assiègent comme la Libye, le Mali où pas moins d’une dizaine de terroristes appartenant à l’organisation terroriste «El Mourabitoune» de Mokhtar Belmokhtar ont été abattus par l’armée française, mais aussi la Tunisie dont le gouvernement vient de prolonger son état d’urgence