Il ne reste pour le commun des Algériens et pour les médias nationaux qu’à épier la presse étrangère pour s’informer de la santé de leur président de la République.
Alors que l’information faisait l’ouverture des médias internationaux, l’hospitalisation du président de la République en France est entourée du plus grand secret à Alger. Aucun communiqué de la présidence de la République ni de communication de la part du gouvernement et encore moins de la part de ceux qu’on présente, à tort ou à raison, comme faisant partie de son premier cercle.
Amar Saâdani, qui réunissait hier les mouhafadhs de son parti, n’a pas soufflé mot sur la question alors que le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a avoué “ne détenir aucune information”. “Je n’ai pas d’informations particulières sur l’état de santé du président de la République (…). S’il a réellement été transféré, comme ils l’ont dit, je pense qu’il va y avoir un communiqué de la présidence de la République qui va dire exactement ce qui s’est passé”, a-t-il dit, selon des propos repris par TSA. Dès lors, en attendant un hypothétique communiqué, il ne reste pour le commun des Algériens et pour les médias nationaux qu’à épier la presse étrangère pour s’informer de la santé de leur président de la République.
C’est ainsi que l’on apprendra que le président Bouteflika a quitté la clinique de Grenoble, par le biais du Dauphiné Libéré, repris par des sites algériens. Selon l’AFP, citant des sources concordantes, le président Bouteflika a quitté “samedi la France” après une brève hospitalisation à l’hôpital de Grenoble. “Un avion de la Présidence algérienne a décollé vers 14h45 (13h45 GMT)”, ajoute la même source qui rappelle que le président Bouteflika est arrivé discrètement jeudi. Mais on ignore cependant si le Président est rentré en Algérie ou est parti vers une autre destination.
Même la pathologie pour laquelle il a été hospitalisé demeure inconnue, Alger étant resté muet sur le sujet, de même que la direction du Groupe hospitalier mutualiste dont fait partie la clinique. Comme en 2005, ou encore en 2013, l’opacité reste de rigueur. Une attitude qui fait la part belle à la rumeur.
Et c’est parce que les autorités françaises (intérêts obligent ?) observent également le même mutisme qu’il y a cette vague impression de l’existence d’un accord pour ne laisser rien filtrer sur ce dossier.
Les Algériens n’ont-ils pas le droit d’être informés sur l’état de santé de leur Président ? De quoi a-t-on peur ? À l’ENTV, le credo semble : “Circulez, y a rien à voir”, puisque le journal télévisé de vendredi soir a ouvert sur un message adressé par le président Bouteflika au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Il est vrai que pour une télévision qui s’est évertuée, des semaines durant, à montrer un président recevant ses hôtes, évoquer une hospitalisation constitue un cinglant désaveu.
Mais cela n’aurait pas dû l’empêcher de donner une information, même parcellaire. Il y va de sa crédibilité, de celle des institutions et de son devoir de service public. L’information n’est pas un privilège du journaliste, c’est un droit du citoyen.
K K