La réforme du système de la Sécurité sociale en Algérie est irréversible. Bien que les différents ministres qui se sont succédés à la tête du département du Travail refusent d’évoquer les grandes lignes de cette réforme, il n’en demeure pas moins que les difficultés financières auxquelles fait face la Caisse nationale de retraite (CNR) imposent un «traitement radical».
Ces difficultés ont été confirmées par le ministre des Finances, Mohamed Loukal dans un entretien à l’APS. Dévoilant des chiffres qui donnent le tournis quant aux montants versés dans la caisse par le Trésor, le ministre a considéré que «le financement du déficit de la CNR constitue un impact important et persistant sur les finances publiques, en attendant sa réduction dans le cadre de la refondation du système de retraite actuel». Estimant le déficit de la CNR à plus de 600 mds de DA annuellement, le ministre a fait savoir que les dépenses de la Caisse nationale de retraite (CNR) ont fait l’objet d’un financement de 300 mds de DA, versés en janvier 2019. Cependant, il a évoqué un deuxième financement au titre du deuxième semestre 2019, par « tranches correspondant aux besoins réels de la Caisse ». Toutefois, le montant de celui-ci n’a pas été dévoilé. Plus loin, le ministre a indiqué qu’une première tranche de 80 mds de DA a été versée à la CNR début juin 2019.
Pour ce qui est du paiement des rémunérations et des pensions de retraite, Loukal a assuré qu’ « aucune perturbation n’est enregistrée au niveau des guichets du Trésor ou des CCP ».
Il convient de rappeler qu’à la lumière de ces chiffres, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Tidjani Hassan Heddam, avait mis l’accent, il y a quelques jours, sur l’impérative réforme du système national de sécurité sociale avec l’association de l’ensemble des acteurs. Présidant une rencontre sur la sécurité sociale, Heddam avait indiqué que « la réforme du système national de sécurité sociale est une nécessité dictée par la situation socio-économique et démographique », mettant l’accent sur l’importance de l’échange de vues et l’exploitation de l’expérience des professionnels, experts et partenaires sociaux.
Cette réforme nécessite, en premier lieu, un diagnostic et une évaluation de la situation du système afin de définir les lacunes et les déséquilibres et les corriger par la suite que ce soit sur le plan technique ou législatif, tout en s’enquérant des expériences des autres pays adoptant le même système avec l’accompagnement de l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’Organisation internationale de la sécurité sociale, avait précisé le ministre.
Notons que selon les statistiques officielles, l’équilibre financier de la caisse nécessite 5 cotisants pour 1 retraité. Reste à savoir si l’État envisage de réformer la sécurité sociale à travers la révision de l’âge de départ en retraite, ou à travers des actions plus profondes, notamment, la lutte contre le travail informel et la non-déclaration des travailleurs, qui constituent, selon les experts, les vrais chantiers auxquels le pouvoir doit s’attaquer.
Lamia Boufassa