La Journée mondiale de l’environnement, coïncidant avec le 5 juin de chaque année, a été célébrée hier dans la commune de Meftah, une localité des plus polluées en Algérie.
En plus des déchets domestiques, les habitants de Meftah vivent depuis une trentaine d’années sous les nuages d’effluents émanant de la cimenterie implantée en plein centre-ville !
Paradoxal ? Pas du tout ! Bien au contraire, il s’agit d’une initiative louable que prend chaque année l’Association écologique Mitidja (AEM), en collaboration avec les autorités locales, pour tirer la sonnette d’alarme concernant la menace que représente cette cimenterie sur les riverains et les terres agricoles de la Mitidja, qui devrait en principe constituer le grenier de l’Algérie. Créée par le défunt Hamouda Merabet en 1989, l’AEM a depuis toujours œuvré afin de mettre un terme à cette pollution industrielle qui ne cesse de menacer la santé des habitants.
Le paradoxe c’est que, cette année, la Journée mondiale de l’environnement a été sponsorisée par l’entreprise française Lafarge qui a racheté la cimenterie de Meftah en 2007 sur groupe Orascom. Ce n’est pas fortuit.
Les responsables de Lafarge ont mis à profit cette occasion pour annoncer, enfin, l’arrivage des équipements nécessaires pour doter prochainement la cimenterie d’un nouveau système de filtration d’effluents conforme aux normes internationales, les équipements utilisés jusque-là étant obsolètes.
Invité à la cérémonie organisée par l’AEM au siège de l’APC de Meftah, M. Amer Tazombit, assistant du DG de Lafarge, chargé de l’environnement, a, dans son intervention, exposé le projet de renouvellement des équipements de la cimenterie, tout en tentant de rassurer la population locale que «le problème de pollution connaîtra une sensible amélioration une fois le système de filtration renouvelé». Il a mis en avant la transformation de l’électro-filtre en filtre à manche.
Si cette démarche a été favorablement accueillie par les autorités locales, dont le directeur de l’aménagement de l’environnement, le chef de daïra et le P/ APC, tous présents à la cérémonie, elle n’a cependant pas été du goût des citoyens. Intransigeants, ces derniers ne jurent que par la fermeture de la cimenterie.
«Depuis l’arrivée de Lafarge à ce jour, le volume de la poussière n’a fait qu’augmenter. Le prix aussi, alors que la production a baissé», a fait remarquer un autochtone qui exige des autorités compétentes «la fermeture immédiate de la cimenterie».
Farid Abdeladim