Alors que les islamistes presserent les coudes, Les partis démocrates s’effilochent: Le scénario à risque des législatives

Alors que les islamistes presserent les coudes, Les partis démocrates s’effilochent: Le scénario à risque des législatives

Al Adala, Ennahda, El Islah et le Front du changement projettent de fusionner pour devenir un seul parti au moment où les démocrates affaiblissent leur propre camp en se faisant la guerre.

Le FFS est dans la tourmente et c’est parti, semble-t-il, pour durer. Le député de Bouira et ex-secrétaire national du FFS, Ahmed Betatache, a claqué hier, la porte de son parti. Contacté, il n’a pas daigné commenter sa démission, mais il l’a solennellement confirmée. Son départ serait, explique une source au sein du parti, dû à «l’exclusion injustifiée» de Rachid Halet qui est l’un des plus anciens militants du FFS.

«L’exclusion d’un cadre élu par le congrès, sous un quelconque prétexte que ce soit, constitue un grave précédent. Cette dérive ouvre la voie à bien d’autres car si un membre de l’Instance présidentielle élue par le congrès se fait débarquer de cette manière, qu’en est-il des cadres moyens et des militants», s’insurge un cadre issu de la Fédération de Tizi Ouzou.

Ce climat de crise qui prévaut au sein du FFS est appelé à s’étaler dans le temps d’autant plus que, selon nos sources, des poches de mécontentement surgissent dans toutes les régions du Centre, notamment à Tizi Ouzou et Bouira où Rachid Halet jouit d’une popularité indéniable.

La crise qui a éclaté au FFS couve dans d’autres partis de la mouvance nationalo-démocrate. Ainsi, le RND qu’on pensait stabilisé après la réussite de son congrès, replonge dans l’incertitude avec le retour au-devant de la scène du mouvement de redressement qui est parvenu à avoir un écho non négligeable, dit-on, à travers une implantation dans de nombreuses wilayas.

Quant au FLN, il y a lieu de relever un certain enlisement dans des querelles de cadres qui semblent interminables, au point d’affaiblir le parti, en passe de confectionner ses listes électorales. Le marathon de Djamel Ould Abbès pour convaincre les mouhafedhs du parti illustre un état de fait qui pourrait ne pas être reluisant. Les autres formations du camp démocratique ne sont pas en meilleur état et donnent l’impression d’être à dix mille lieux d’une démarche de convergence politique ou organique à quelques mois d’un rendez-vous électoral majeur.

Le vieux parti d’opposition, dont la destinée devait être de tracter le reste de la mouvance démocratique, fait carrément face à une sorte de tentative de rébellion au sein du parti et des rencontres entre militants mécontents sont régulièrement organisées ça et là afin de préparer la riposte. Au même moment, les islamistes s’unissent et s’évertuent à fusionner dans un seul grand parti politique.

C’est le cas de Ennahda et du Front pour la justice et le développement (El Adala) qui ont annoncé, vendredi soir, leur décision de fusionner en attendant que d’autres partis, avec lesquels ils sont en concertation, notamment El Islah et le Front du Changement, se mettent de la partie. «Le projet date de 2008.

Il a été mis en suspens durant quelque temps. Nous avons repris le travail depuis quatre mois pour rassembler les cadres d’El Adala et Ennahda au sein d’Ennahda historique. En fait, nous allons rassembler tous les cadres ayant fait partie des organisations et partis politiques dirigés par Abdellah Djaballah depuis 1974.

La fusion sera officialisée lors d’un congrès rassembleur qui se tiendra avant ou après les élections législatives», a expliqué Lakhdar Benkhelaf, député d’El Adala et coordinateur du projet, dans une déclaration à la presse. Incapables de se fédérer dans un seul grand mouvement politique, les partis de la mouvance démocratique ne sont pas non plus en mesure de digérer sereinement les divergences qui gisent en leur sein. Tout au contraire, les méthodes hard sont leur marque de fabrique.

Degré de tolérance zéro: chaque écart, aussi minime soit-il, est sanctionné par une exclusion. Par conséquent, les partis démocratiques s’effilochent d’année en année et, ce faisant, font peur non pas seulement à leurs militants, mais aussi à leurs sympathisants.Le FFS est dans cette optique. A travers le cortège de démissions-exclusions qu’il a enregistrées ces derniers mois, il revêt l’allure d’un véritable parti crisogène, loin de son rôle de formation fédératrice.

En effet, depuis l’affaire Kamel-Eddine Fekhar, membre du conseil national du parti, qui a été exclu en 2010 mais dont l’exclusion a entraîné une cascade de démissions collectives, le parti n’a jamais connu de période de répit.Pour rappel, après le départ de Kamel-Eddine Fekhar, bien d’autres ont suivi: le membre de la direction nationale Hakim Addad, l’ex-secrétaire général Karim Tabbou, les députés Khaled Tazaghart et Mostefa Bouchachi, etc.

L’exclusion de Rachid Halet et la démission de Ahmed Betatache, qui couronne ce processus, viennent rappeler que la crise que traverse le FFS est loin d’être une question de conjoncture. Tout au contraire, elle semble s’inscrire dans le temps et receler bien des surprises, ce qui installe le FFS dans une inexpugnable précarité. Une précarité qui peut lui coûter cher lors des prochaines élections auxquelles il a décidé de prendre part.