20, 15, 10 ans de réclusion criminelle. Ce sont les peines requises pour certains prévenus, dont les avocats se sont succédé aujourd’hui à la barre du tribunal criminel de Blida dans le procès en appel de la Caisse principale de Khalifa Bank.
Pour autant, les plaidoiries de cet après-midi ont choqué plus d’un. Avocats et presse réunis. En ce sens que les dites plaidoiries n’étaient pas orientées vers la disculpation de leurs mandants. Amghar Mohand Arezki, ex-directeur de Khalifa Rent Car avait contracté un crédit de 1,5 milliard de centimes pour acheter un logement plus vaste que celui qu’il occupait, de fonction, dont la BNA s’était désisté pour lui. C’est lui qui signera le chèque en question sans fournir la moindre garantie. En fait, ce prêt devait servir à couvrir un premier de 30 millions de centimes que Khalifa Bank lui avait déjà accordé.
Son avocate, Me Mahmoudi Houria, au lieu de tenter de démonter l’accusation et battre en brèche le réquisitoire du représentant du ministère Public (15 ans de réclusion criminelle) s’est plutôt évertuée à donner les définitions juridiques des chefs d’inculpation contre lui. On aurait dit un exposé qu’un élève en faculté de droit exposait devant son professeur. Elle se contentera de dire que l’accusation d’association de malfaiteurs, d’abus de confiance devra être prouvée. Plus grave que cela, elle dira qu’à toutes les accusations, le tribunal criminel (d’intime conviction) devra répondre par la négative. Le cas échéant, il se doit de lui accorder les circonstances atténuantes en confirmant la peine de deux ans de prison ferme décidée en 2007. Du jamais vu !
Arguments philosophiques
Plaidant pour le compte de Chachoua Abdelhafid (qui n’a pas caché sa colère devant les arguments de son avocat, et son père, Me Boutarek dira que « l’affaire en appel de la caisse principale de Khalifa Bank est purement commerciale. « Toutefois, elle a été qualifiée de criminelle avec l’accusation d’association de malfaiteurs, de vol qualifié et d’abus de confiance. « C’est une association de malfaiteurs agréée par l’Etat plaidera cette robe noire, sans pour autant avancer des arguments devant le tribunal criminel. Pour lui ni Abdelhafid Chachoua ni son père n’ont commis de crimes. Issus de la DGSN, ils ont travaillé à Khalifa Bank en tant que « gardiens du temple » qu’étaient les fonds de la banque de Abdelmoumène.
Pour étayer sa défense, l’avocat sortira un atout. Celui de dire que Chachoua père (Ahmed) est un ancien moudjahid invalide de guerre, qui a été décoré. Ce qui est loin d’être suffisant pour un tribunal de conviction. Pour Abdelhafid, le défenseur avancera le fait qu’il connaît très bien la famille et que les deux frères Chachoua ont été ses élèves au lycée dans lequel il enseignait la philosophie, et jamais ils ne se seraient rendus coupables de vol et d’association de malfaiteurs. « Si tels était le cas Abdelhafid n’aurait pas suivi le parcours de son père, à savoir devenir officier de police. De plus, les griefs pour lesquels ils sont poursuivis ne sont prouvés nulle part, sinon ce serait au préjudice de Abdelmoumène Khalifa qui n’a pas déposé plainte.
Faouzia Ababsa