Alors que l’impasse politique perdure : Les étudiants veulent résister

Alors que l’impasse politique perdure : Les étudiants veulent résister

Par Walid AÏT SAÏD

L’acte XII des manifestations estudiantines est programmé pour ce matin. Face à l’impasse et aux pressions, notre future élite veut donner les clés pour un début de solution…

Et de 12! Les étudiants de tout le pays comptent marcher ce matin, comme chaque mardi, depuis trois mois déjà! «Nous sommes déterminés à continuer le combat jusqu’au départ de tout le système», soutient un groupe d’étudiants de l’Usthb qui insiste sur le mot d’ordre que «yetnahaw gaâ» (ils partiront tous). Ainsi, ceux qui avaient montré la voie du Hirak «ramadhanesque» en sortant dans les rues mardi dernier, veulent cette fois-ci montrer la voie de la résistance. Toutes les villes disposant d’un campus universitaire devraient donc «vibrer» au rythme de la protestation. D’ailleurs, les universitaires de Bab Ezzouar ont donné un avant-goût de cette nouvelle journée, qui s’annonce historique en improvisant, dimanche dernier, une marche dans leur enceinte universitaire. Les marcheurs, qui sont encore en grève, depuis presque deux mois, scandaient les slogans habituels hostiles au pouvoir.

Ils réclamaient aussi l’annulation de l’élection présidentielle du 4 juillet prochain. Toutefois, la nouveauté résidait dans leur mise en garde du pouvoir contre la tentation des dérives autoritaires! Il faut avouer que nous sommes, ces derniers jours, dans un climat délétère, avec une série d’arrestations qui se sont même étendues aux blogueurs comme le youtuber Brahim Laâlami, une icône de la révolution pacifique. Des hommes politiques se sont même plaints de pressions que leur feraient subir les services de sécurité pour les intimider. «Ils veulent faire régner un climat de frayeur pour nous faire peur», estiment des étudiants en sciences politiques. «Ils ne veulent pas comprendre que la peur a changé de camp le 22 février dernier. Depuis cette date historique, on n’a peur de rien et rien ne nous fera reculer face à notre objectif qui est le vrai changement», insiste de son côté, Adam, l’un des meneurs de la résistance estudiantine. Lui et ses camarades font donc preuve de ténacité afin de ne pas perdre en cours de route cette révolution pacifique.

«La victoire est loin d’être acquise, nous devons être solidaires et poursuivre la lutte afin de libérer l’Algérie», soutient-il. Adam n’est pas le seul à avoir cette vision des choses, puisqu’une banderole accrochée dimanche dernier à l’Usthb, lors de la marche des étudiants résume parfaitement cette pensée. «Ne pas finir notre révolution est plus dangereux que de ne l’avoir jamais commencée», était-il écrit par des étudiants qui bouillonnent, mais ne s’impatientent pas! «Je pense qu’ils essayent de jouer sur le moral comme ils l’ont fait lorsqu’ils ont usé de la force. C’est pour cela que nous ne devons pas nous impatienter, mais résister», estime Ines qui n’est pas militante, mais qui n’a raté aucune des 11 dernières marches. Ce XIIe acte, lui, s’annonce donc plus «chaud» que les 11 précédents, du fait qu’aucune évolution de la situation n’a été enregistrée. Notre future élite donnera-t-elle les clés pour un début de solution? Wait and see…