Alors que l’option de l’élection présidentielle du 4 juillet est quasiment caduque : Le Hirak à l’épreuve du 14e vendredi

Alors que l’option de l’élection présidentielle du 4 juillet est quasiment caduque : Le Hirak à l’épreuve du 14e vendredi

Par Adlene Badis

Pour ce 14e vendredi du mouvement populaire, le 3e durant le mois de Ramadhan, il est attendu une grande mobilisation à l’instar des vendredis précédents. Les manifestants sont déterminés à poursuivre l’expression massive d’un rejet du système et le refus de la solution de l’élection présidentielle prévue le 4 juillet prochain.

Cette dernière option sur laquelle insiste le chef d’Etat par intérim Abdelkader Bensalah, visiblement appuyé par le chef d’état-major Gaïd Salah, semble irrémédiablement caduque. Comme chaque semaine depuis le 22 février, les étudiants, véritables éclaireurs du Hirak, battent le pavé pour exprimer la volonté de changement réagissant de fait aux évolutions de la crise. Avec régularité, les étudiants sont sortis durant la semaine par deux fois, mardi, comme désormais c’est de coutume, mais aussi le 19 mai, à l’occasion de la Journée nationale de l’étudiant. Les manifestations estudiantines ont été particulièrement malmenées par des services d’ordre de plus en plus stricts. 
Lors de cette 13e marche, les étudiants ont changé d’itinéraire, déjouant le dispositif sécuritaire placé à la Grande-Poste et à la rue Asselah-Hocine. Attendus du côté de l’APN, comme lors des deux dernières marches, les étudiants ont fait route vers le Premier ministère et celui de l’Intérieur, réitérant leur rejet de la tenue de l’élection du 4 juillet mais, également, pour rappeler l’exigence du départ de Bensalah et de Bedoui. Des marches et manifestations ont eu lieu également dans plusieurs autres universités du pays. Sur les réseaux sociaux et autres médias alternatifs, les appels à manifester ce vendredi se multiplient. Avec la farouche volonté d’exprimer la volonté populaire sur l’avenir du pays.

Entre impératif constitutionnel et traitement politique 
L’institution militaire, qui a multiplié cette semaine les déclarations au travers des discours du chef d’état-major Gaïd Salah, semble particulièrement au milieu du gué. Entre les impératifs constitutionnels et la nécessité du traitement politique d’une crise, qui risque de tout emporter, il faudrait désormais trancher. Le premier responsable de l’armée, en déplacement mardi dans la 4e Région militaire, a déclaré ne pas avoir d’ambitions politiques, défendant les enquêtes contre la corruption en cours. Dans ce contexte, Ahmed Taleb Ibrahimi a adressé, hier, une lettre au Hirak, appelant à sauvegarder la dynamique du changement. L’ancien ministre des Affaires étrangères soulignera aussi n’avoir aucune ambition politique, estimant que la solution réside dans l’application combinée des articles 7 et 8 de la Constitution. La question de la transition est désormais dans pratiquement tous les discours.

Seules les modalités de cette période, particulièrement cruciale pour l’avenir du pays, ne sont pas encore définies et ne bénéficient pas encore de consensus. La question de l’élection du 4 juillet prochain demeure toujours au centre de ce bras de fer depuis, notamment, la démission de l’ex-Président Abdelaziz Bouteflika et l’intronisation de Bensalah comme chef d’Etat par intérim. Il est évident que le discours du chef d’état-major Gaïd Salah, sur la nécessité d’aller vers une élection, afin d’éviter un vide constitutionnel périlleux pour le pays, n’a pas eu l’effet escompté. Les Algériens ont, dans leur écrasante majorité, exprimé leur refus de voir un scrutin organisé par la même classe dirigeante que celle qui a prévalu sous Bouteflika. Ce 14e rendez-vous hebdomadaire du Hirak s’annonce encore une fois particulièrement tendu. Les restrictions imposées par les services de police et de la gendarmerie au niveau des accès de la capitale, chaque vendredi, ne font qu’ajouter à la tension.

Des barrières de sécurité ont été installées au niveau des escaliers de la Grande-Poste afin d’empêcher les manifestants d’y accéder, les services de la wilaya d’Alger ayant déjà expliqué qu’il y avait risque d’effondrement. Le site de la Grande-Poste est devenu depuis l’éclatement du mouvement de protestation un lieu symbolique du Hirak. Vendredi dernier une forte tension a eu lieu autour du site, les manifestants ont réussi à forcer l’imposant cordon de sécurité empêchant l’accession aux escaliers. Qu’en sera-t-il en ce 14e vendredi du Hirak ?