Alors qu’ils sont produits en grandes quantités: Trop chers les fruits du terroir!

Alors qu’ils sont produits en grandes quantités: Trop chers les fruits du terroir!

L’absence de prise de conscience de la nécessité de moderniser la filière des produits du terroir rend la tâche des services concernés plus difficile encore.

Organisée, cette richesse aurait pu amorcer une dynamique de développement à l’agriculture bio du terroir dans la wilaya de Tizi Ouzou. Hélas, non seulement ces filières ne sont pas organisées, mais elles clochardisent tout le secteur de l’agriculture. Des figues de toutes les variétés et couleurs, des figues de Barbarie aux éclats dorés, des prunes et même des mûres sont étalées sur les trottoirs de la ville de Tizi Ouzou et des plus grands centres urbains de la wilaya comme Draâ Ben Khedda, Tigzirt, Azazga ou Boghni et Draâ El Mizan.

Ces fruits du terroir sont aujourd’hui vendus sur les trottoirs dans des conditions de transport et de stockage déplorables. Sous la chaleur torride et au milieu d’une poussière étouffante, les figues sont vendues à des prix exorbitants en plus. Un kilogramme de figues, la variété et la couleur importe peu.

Le vendeur ne répond même pas aux questions. Une manière de dire qu’il faut acheter ou partir loin. Mais nous avons tout de même insisté et osé une dernière question. Voulant comprendre pourquoi les vendeurs ne pensent pas à des emballages plus attractifs et plus sécurisés pour la qualité de la figue, notre interlocuteur se suffira de dire que c’est sa figue, il en fait ce qu’il veut. «C’est ma figue. Tu fais à la tienne ses cartons si tu veux. Moi, je vends des figues pas du sucre», dit-il sèchement.

L’absence de prise de conscience de la nécessité de moderniser la filière des produits du terroir rend la tâche des services concernés plus difficile encore.

Le fruit qui met à nu cette incapacité à réussir la modernisation est la figue de Barbarie. Ce fruit pousse tout, seul mais hélas tombe tout seul sans être ni consommé ni vendu. La raison ne réside pas dans les emballages ou autre technique miracle. «Regardez autour de vous. On voit partout des figues de Barbarie. Je peux dire qu’il y a au moins en centaines des milliers de tonnes. Mais au bout de la saison. Aux premières pluies d’automne, tout tombe par terre» se désole un jeune vendeur à Draâ ben Khedda.

En effet, poussant l’analyse de la situation, nous découvrirons que l’inconvénient est d’ordre sociologique. Le caractère privé de la propriété des terres et son extrême morcellement entre les membres de la famille rendent l’exploitation de ce fruit impossible. Notre ami, vendeur explique mieux que quiconque le phénomène. «Dans mon village, il y a des milliers de tonnes de «kermous» mais je ne peux vendre que des centaines de kilogrammes arrachés de ma parcelle de terre. Je ne peux pas étendre mon bout de roseau au-delà de la borne qui délimite ma propriété au risque de me faire lyncher par mon voisin. Chacun a son «kermous» qu’il ne peut même pas manger tellement il y en a trop» explique-t-il.

Hormis les quantités qui se trouvent sur sa parcelle de terre, notre ami ne peut pas arracher celles qui se trouvent dans la propriété des autres. Bien qu’ajoute-t-il, ces quantité inestimables finissent pas tomber à terre et moisir. Son ami qui vend le même produit, ajoute qu’il a tenté de louer, mais au bout de quelques jours, son bailleur de «kermous», venu au marché et ayant vu quelques clients, a décidé d’augmenter le tarif rendant le commerce non rentable.

«C’est pour vous dire que dans ces contrées, le développement n’est pas pour demain», conclut-il.

Ainsi, il devient évident que ces quantités non négligeables auraient pu faire le bonheur de ce créneau. Dans d’autres pays, les filières se développent de jour en jour alors que dans la wilaya de Tizi Ouzou, tout est à refaire.