“Finalement, c’est la rencontre du ministère ou celle du syndicat ? s’est interrogée l’assistance qui ne savait plus à quel saint se vouer (…). S’il y a eu des compromis, et c’est certainement le cas, nous sommes en droit de le savoir, sinon nous nous retirerons du syndicat.”
Le ministre de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de l’Environnement, Amar Ghoul, a opéré, hier, un changement de dernière minute dans le programme annoncé par son département à propos de la rencontre sur les agences de voyages pour rejoindre le syndicat de la corporation dans un autre rendez-vous, prévu initialement dans une logique revendicative.
C’est que le Syndicat national des agences de voyages (Snav) avait annoncé, quelques jours auparavant, le boycott de la rencontre initiée par le ministère et prévue pour hier à l’hôtel Mazafran (Zéralda) pour la simple raison, selon le président du Snav, que “le ministre nous a ignorés depuis son arrivée, méprisant, ainsi, toutes nos doléances et même jusqu’à notre existence”.
Le Snav ne s’est pas arrêté là. Il a décide de monter d’un cran dans la fronde en annonçant une rencontre parallèle, appelant à la mobilisation des troupes. Un message clair en direction des pouvoirs publics pour signifier un ras-le-bol sans précédent, notamment en ces temps de crise. C’est du moins ce qui est dénoncé par les agences de voyages qui disent traîner des problèmes depuis de longues années sans jamais trouver une oreille attentive. “Un brin d’espoir a brillé avec le passage de Smaïl Mimoune à la tête du ministère pour avoir été le seul ministre qui a tenté une sortie de crise et nous a traités comme un véritable partenaire sans avoir le temps d’aller jusqu’au bout”, a rappelé un membre du bureau syndical. Aujourd’hui, la situation se complique davantage avec un syndicat qui ne semble pas avoir “les coudées franches” pour aller jusqu’au bout de sa propre démarche et un ministre qui ne peut pas se permettre d’essuyer un échec, notamment dans la conjointure politico-économique actuelle. Le syndicat s’est ainsi vu invité, à la dernière minute, au ministère pour discuter du moyen d’éviter “l’affrontement”. Résultat des courses : “Une réconciliation et des non-dits.” Ce qui a amené Ghoul à chambouler ses plans et à plier bagage de l’hôtel Safir Mazafran, accompagné de ses invités, pour élire domicile, le temps d’une matinée, à l’hôtel Riadh de Sidi Fredj. Visiblement surpris par ce retournement de situation, de nombreuses agences de voyages n’ont pas manqué de susurrer en coulisse leur mécontentement quant à cette décision jugée hâtive de la part du syndicat qui a accepté, à leur avis, “d’être ainsi récupéré par le ministre”.
M. Ghoul, quant à lui, a réussi à évincer les frondeurs en donnant la parole, pour une brève allocution, au président de la Fnat et à celui du Snav avant d’intervenir lui-même pendant un long moment. “Écoutez-le prôner une plus grande organisation de la profession, et nous appeler à nous mettre à niveau ou à quitter. Il ferait mieux de s’atteler à revoir la loi régissant les agences de voyages qui est complètement obsolète”, commente un responsable d’une agence de voyages de l’Algérois qui a décidé d’écourter sa participation. Ils étaient, d’ailleurs, nombreux à exprimer leur déception quant à la tournure des événements. “C’est une véritable mascarade. Le ministre vient assurer l’ouverture de la rencontre ici, à l’hôtel Riadh et on nous demande de poursuivre les ateliers à Zéralda sauf pour la commission Hadj et Omra. C’est du jamais vu. Finalement, c’est la rencontre du ministère ou celle du syndicat ?” s’est interrogée l’assistance qui ne savait plus à quel saint se vouer.
D’autres participants menacent : “Allez, vaut mieux rentrer à la maison car la messe est dite depuis hier lorsque le syndicat a accouru chez le ministre dès qu’il a daigné le rencontrer au moment même où les agences de voyages du Sud crient leur détresse après quatre années blanches et pour lesquelles personne n’a daigné lever le petit doigt. S’il y a eu des compromis, et c’est certainement le cas, nous sommes en droit de le savoir, sinon nous nous retirerons du syndicat.”