En dépit d’une nappe phréatique de 25 milliards de mètres cubes, la wilaya de Annaba subit les conséquences du faible taux de pluviométrie et d’une gestion boiteuse.
Tous les quartiers et cités de la wilaya de Annaba vivent une crise aiguë en matière d’eau potable. Il ne se passe pas un jour sans que les citoyens n’investissent les rues. L’obstruction des routes est la première action à laquelle recourent les populations à travers les 12 communes de la wilaya, pour interpeller les autorités sur des solutions qui tardent à venir. A Annaba on n’est plus privé d’eau potable de manière épisodique. Depuis plus d’un mois, les choses se sont aggravées, puisqu’il ne s’agit plus de coupures d’eau qui durent plus longtemps, mais d’eau qui ne coule plus dans les robinets.
Le scénario est identique dans la quasi-totalité des communes de la wilaya, où les populations ont été contraintes de recourir aux camions-citernes, notamment durant l’Aid El Adha. Une circonstance pour laquelle l’ADE (Algérienne des eaux) de Annaba a rassuré quant à l’alimentation en eau potable. Malheureusement, la promesse non tenue par l’ADE, a contraint les populations à se soumettre au diktat des vendeurs d’eau, le jour de l’Aïd, en achetant ainsi la citerne à 2000 et 3 000 DA. Depuis, les rues et les axes principaux de la wilaya se sont embrasés. Depuis Annaba jusqu’ à Sidi Amar en passant par El Bouni, entre autres localités et agglomérations, la situation est somme toute dramatique. L’ébullition et l’effervescence ont atteint leur apogée.
Ce qui explique l’occupation des espaces publics pour protester contre l’absence d’eau dans les robinets. Distribuée une demi-heure tous les quatre ou cinq jours, cela renseigne bien sur une pénurie jamais enregistrée à Annaba dont la nappe phréatique de 25 milliards de mètres cubes, la place en seconde position après Adrar à l’échelle nationale. Un fait qui devrait, selon certaines sources, éviter ce type de désagrément pour Annaba. Malheureusement, ceci n’est pas le cas pour le moment et ne le sera pas, du moins dans les prochains jours. Selon les informations d’une source interne à l’ADE/ Annaba, «si la crise d’eau à Annaba, est due à, outre la baisse considérable du niveau des barrages Chafia et Maxa, alimentant Annaba, la mauvaise gestion de l’ADE est la principale cause de la situation prévalant actuellement». Notre source, un cadre de son état et sous le sceau de l’anonymat, a mis à l’index d’ex et actuels responsables de l’ADE «Qu’attendez-vous de responsables dirigeants non qualifiés physiquement et intellectuellement», a lancé notre interlocuteur. «Pour l’ADE de Annaba, il a toujours été adopté une politique de nomination et de désignation douteuses», ceci n’est un secret pour personne.
Dans ce sens, notre source a révélé que, le poste de chef du département d’exploitation, censé gérer la situation actuelle, est au moment de la mise sous presse, vacant. «Le cadre qui occupait le poste a été mis à l’écart. Il dérange certains intérêts», a-t-il précisé. Toujours en matière de gestion, un autre cadre de la même entreprise déplore l’ingérence de la politique. Une influence dans les nominations à certains postes, comme c’est le cas actuellement «un responsable de l’ADE, après avoir été démis de ses fonctions, a fait l’objet d’une recommandation, par une personne influente de la politique et du monde des affaires, a révélé notre source imputant la crise d’eau à Annaba, à l’incompétence, dans la gestion d’un secteur aussi névralgique que celui de l’eau. Ce qui explique l’arrêt de la station du pont Boucher. D’une capacité de
45 000 mètres cubes, la station a besoin d’une réhabilitation, capable d’alimenter El Hadjar, depuis oued Seybouse, nous précise-t-on.
«S’agissant des différentes stations de pompage de Berrahal et Guerbez entre autres, elles nécessitent un entretien mécanique permanent, ce qui n’est pas le cas», nous explique-t-on. Apportant plus de renseignements sur la situation des équipements devant permettre l’alimentation de la wilaya en eau potable, nos interlocuteurs se sont accordés à maintenir leurs propos que même la station de pompage du barrage de Maxa nécessite une maintenance pour éviter les différentes pannes et coupures d’électricité. Dans ce sens, il est révélé qu’au niveau de cette station, un moteur sur quatre est en panne. Un échantillon parmi tant d’autres, pour relever le degré de la gestion boîteuse de l’ADE de Annaba. Evoquant les processus de forage, nos sources ont été unanimes quant à l’impérative réhabilitation des forages de Bouteldja, dans la willaya d’El Tarf.
Une réhabilitation dont l’enveloppe financière demeure toujours gelée. Car, convient-il de signaler, le processus de forage s’effectue en période hivernale. Aussi, l’opération ne peut se faire sans fiche technique, ont précisé nos interlocuteurs. En somme, en l’absence du plan technique de ces forages, le travail est purement et simplement aléatoire, selon les deux cadres. Si la situation se présente sous cet angle, la pénurie d’eau a de beaux jours devant elle. Situation qui a interpellé à plus d’un égard, le wali de Annaba, Mohamed Salamni.
Selon une source proche du cabinet de ce dernier, une cellule de crise a été mise en place pour tenter de contrecarrer la crise d’eau à Annaba. Interpellé sur la situation, et dans un point de presse, le chef de l’exécutif a expliqué les raisons de la pénurie d’eau dans sa circonscription. «La pénurie d’eau, générée par la baisse considérable du niveau des barrages, due au faible taux de pluviométrie durant la saison hivernale à l’est et au centre du pays, est devenue une priorité pour Annaba.», a fait savoir Salamni. Annonçant dans l’élan de son intervention, la mise en place d’un programme, pouvant à court terme remédier à la situation et permettre d’alimenter les populations en eau potable, 1j/4 ou 1j/5.
«. Pour l’heure l’impératif est de faire face à la crise d’eau à Annaba, à travers la révision du système d’alimentation des quartiers et cités. Une alimentation qui se fera en fonction des quantités d’eau desservies depuis les barrages», a annoncé le wali. Salamani a lui aussi mis l’accent sur la réhabilitation des 32 forages de Bouteldja, pour appuyer l’alimentation de Annaba en eau potable à hauteur de 35 000 mètres cubes. Autre projet sur lequel Salamni a, insisté, celui du dédoublement du tracé de Maxa sur 22 km, entre autres mesures engagées par le wali, dans le cadre du programme.
Ce dernier, notons-le, fait partie d’une feuille de route, mise en place conjointement par le ministère de tutelle, la wilaya de Annaba et l’ADE. En attendant l’aboutissement à court terme de ce plan de prise en charge de la crise, le wali a décidé de renforcer les points noirs, par les camions-citernes. Le commis de l’Etat a, en outre, mis en exergue la responsabilité de tout un chacun, dans ce qui est devenu aujourd’hui, une crise de l’eau insoutenable à Annaba.Rappelons que depuis la résiliation du contrat avec l’allemand Gelssen-Wasser, en 2011, il avait été désigné un intérimaire algérien pour assurer la continuité de la gestion, à l’époque.
Si l’entreprise allemands a été incapable d’honorer ses engagements en matière d’alimentation en eau potable et d’assainissement dans ces deux villes, l’échec de l’ADE est aussi semblable à celui de Gelssen-Wasser, (Seata) qui, lui au moins n’a pas occasionné une telle pénurie dans les deux wilayas. En attendant que l’eau coule dans les robinets et que l’ADE soit confrontée à ses responsabilités, la gestion de l’eau dans la wilaya de Annaba, demeure en quête d’un contrat de gestion, pouvant résoudre définitivement le problème de l’eau à Annaba et à El Tarf.