WASHINGTON – La Banque Mondiale (BM) a plaidé pour une réforme de la gouvernance dans les pays en développement afin de relever les défis de la sécurité, de la croissance et de l’équité.
Dans son rapport 2017 sur le développement dans le monde publié lundi, la BM souligne que la répartition du pouvoir dans les pays en développement et au sein des ONG en charge de développement à des effets directs sur l’efficacité des politiques publiques.
« Les asymétries de pouvoir peuvent par exemple expliquer l’échec fréquent de la lutte contre la corruption malgré la mise en place de lois et d’organismes exemplaires dédiés » à cette mission, constate ce rapport qui « ne constitue pas cependant un document de référence pour la Banque Mondiale vu son aspect théorique », précise des sources auprès de cette institution financière internationale.
Le rapport relève par exemple que « la décentralisation n’améliore pas systématiquement les services municipaux ou encore l’inaptitude de politiques budgétaires pourtant bien conçues à réduire la volatilité et à favoriser une épargne pour l’avenir ».
C’est pourquoi « les pays et les bailleurs de fonds doivent avoir une vision plus large de l’amélioration de la gouvernance pour garantir le succès des politiques », recommande la BM.
« Alors que la demande de services efficaces, d’infrastructures de qualité et d’institutions équitables ne cesse de croître, et que les gouvernements ne disposent que de ressources limitées, celles-ci doivent être utilisées d’une manière aussi rationnelle et transparente que possible », souligne Jim Yong Kim, le président du Groupe de la Banque mondiale, cité dans le communiqué de la BM.
Cela implique de tirer parti « de l’expertise du secteur privé, de travailler étroitement avec la société civile et d’intensifier les efforts de lutte contre la corruption ».
« Sans une meilleure gouvernance, nous ne parviendrons pas à réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés: mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée », relève le président de la BM.
Le rapport se penche, par ailleurs, sur les exemples de plusieurs pays, dont notamment le processus d’édification de l’appareil étatique en Somalie, les efforts de lutte contre la corruption au Nigeria, les enjeux de la croissance en Chine et la question des bidonvilles et de l’exclusion dans les villes indiennes.
« Les responsables gouvernementaux ne fonctionnent pas en vase clos. Leurs décisions sont le reflet des rapports de force entre citoyens à la manœuvre pour défendre des intérêts concurrents », rappelle Paul Romer, économiste en chef de la Banque mondiale.
Les rédacteurs du rapport estiment que leur document « peut inaugurer une réflexion essentielle pour les gouvernements et les acteurs de la communauté de développement afin de s’assurer que la société soit sur une trajectoire porteuse d’avancées ».
Ils expliquent à ce titre que face à la complexité des processus politiques propres à chaque pays, les gouvernements devraient trouver des solutions pour que chacun bénéficie des progrès obtenus qu’aucun groupe ou individu ne soit privé des avantages et des gains de l’engagement politique.
Sur la base de recherches et de consultations approfondies menées depuis deux ans dans de nombreux pays, le rapport propose des principes pour orienter la réforme et faire évoluer les dynamiques de la gouvernance au service d’un développement équitable.
Le rapport fait valoir que « de bonnes politiques sont souvent difficiles à mettre en place et à appliquer parce que certains groupes sociaux tirant avantage du statu quo sont assez puissants pour s’opposer aux réformes nécessaires pour rompre l’équilibre politique ».
La BM définit la gouvernance améliorée comme « le processus d’interaction par lequel les acteurs étatiques et non étatiques conçoivent et appliquent les politiques publiques dans le cadre d’un ensemble donné de règles formelles et informelles façonnées par le pouvoir ».