Appel au dialogue de Ibrahimi, Ali Yahia et Benyellès : Ce qu’en pensent Bouregâa, Bouchachi, Gharès, Amoura et Djaballah

Appel au dialogue de Ibrahimi, Ali Yahia et Benyellès : Ce qu’en pensent Bouregâa, Bouchachi, Gharès, Amoura et Djaballah

Des partis politiques, personnalités nationales et des syndicalistes continuent à réagir à la lettre d’Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et Rachid Benyellès. Une lettre-appel au dialogue adressée à l’état-major de l’ANP, rendue publique samedi, qui portait une «solution de consensus».

Lakhdar Bouregâa : «Il faut passer le flambeau à la nouvelle génération»
L’ancien commandant de la Wilaya IV historique, le moudjahid Lakhdar Bouregâa, s’est montré hier très critique à l’égard de Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et Rachid Benyellès. « Les auteurs de cette initiative ont servi, depuis 52 ans, le système en place. Il faut passer le flambeau à la nouvelle génération. À nos jeunes. Ni moi ni Ibrahimi ne pourrons être la solution de la crise», estime Bouregâa. Pour lui, ces trois personnalités «n’ont jamais milité pour l’Algérie. Elles se contentent aujourd’hui de regarder de loin ce qui ce passe dans le pays, puisque d’après lui, elles ne sont jamais descendues dans la rue pour participer aux marches hebdomadaires des Algériens », affirme-t-il. Une raison pour laquelle, le moudjahid préfère voir ceux qui sont dans le feu de l’action mener cette période de transition. «Je ne suis pas d’accord à ce que ces trois personnalités soient la solution de la crise. La moindre des choses c’est qu’elles sortent manifester et discuter des revendications, il faut qu’elles sortent dans la rue», suggère-t-il.

Fethi Gharès, coordinateur du MDS : «On ne se positionne pas derrière des gens qui ont servi le système»
De son côté, Fathi Gharès, (coordinateur national du MDS), a réagi à cette initiative, en manifestant son désaccord, pas avec le contenu, mais avec les auteurs. «Chacun est libre de proposer ce qu’il veut, mais on remarque, via cette lettre, un autre type d’injustice», dénonce notre interlocuteur. «Comment expliquer que ces personnalités qui ont servi le système toute leur vie viennent apparaitre aujourd’hui et proposer une solution qui a été accueillie par plusieurs personnalités.
Et nous, qui luttons depuis des années contre ce régime, personne ne veut entendre notre voix. Le MDS ne va pas se positionner par rapport à leurs positions», souligne Ghares qui affirme que le débat démocratique reste sacré, et que chaque citoyen a le droit de proposer des solutions, en ajoutant que « c’est grâce au peuple qui a offert le champ politique à certain que des voix ont pu enfin parler».

Boualem Amoura, SG du SATEF: «Il est temps de se mettre d’accord»
Selon Boualem Amoura, SG du Satef, «en ce moment, aucun n’a le droit d’exclure personne de la scène politique, ou l’empêcher de donner et proposer une solution de sortie de crise», nous-a-t-il affirmé, hier. D’après lui, l’initiative lancée avant-hier par Ibrahimi, Ali Yahia et Benyellès «démontre encore que la feuille de route du pouvoir, représenté par Gaïd Salah le chef d’état-major de l’ANP, est rejetée par le peuple algérien et que le pouvoir devra la revoir ». Notre interlocuteur se dit être d’accord sur quelques points de la lettre des trois personnalités. «C’est bien évident qu’il est impossible d’aller vers des élections présidentielles et le plus probable est d’entamer une période de transition», explique-t-il, ajoutant que «si certains scandent le nom de Taleb Ibrahimi dans le mouvement, il faut bien écouter son avis sans l’exclure». «Il faut discuter de ses propositions», insiste Amoura avant de s’interroger : «Où allons-nous comme ça ? Il faut qu’on se mette d’accord. Il est temps de trouver une sortie de crise».

Mustapha Bouchachi : «Une réponse aux attentes du mouvement »
Pour l’avocat et défendeur des droits de l’Homme, Mustapha Bouchachi, cette initiative est « une bonne chose du moment qu’elle répond aux attentes du mouvement populaire et de la classe politique», en indiquant que «le pays a besoin d’une vraie période de transition sous la présidence de personnalités honnêtes qui n’ont pas été impliquées dans le régime de Bouteflika», a-t-il donné comme position.

Abdallah Djaballah, président du FJD : «Une feuille de route similaire à celle de l’opposition»
Le président du FJD, Abdallah Djaballah, a réagi à l’initiative pilotée par l’ancien ministre des AE, Taleb Ibrahimi, le général à la retraite Rachid Benyellès et l’avocat et militant Ali Yahia Abdenour. «C’est une initiative positive qu’on soutient puisqu’elle répond aux revendications du peuple. Elle s’est concentrée sur l’appel de l’Armée à ouvrir un dialogue avec la classe politique et la société civile», a-t-il indiqué lors d’un Iftar de Ramadhan initié à Alger. Il s’agit «de la même feuille de route de l’opposition qu’on a exposée plusieurs fois», explique Dhjaballah, qui lance un appel à l’Institution militaire pour «ouvrir un dialogue avec les personnalités nationales et les chefs des partis politique afin de trouver une solution de sortie de crise ».
Propos recueillis par Sarah Oubraham