Et tant est que la rue accepte cette offre de dialogue, la question de la faisabilité se pose pour savoir si le mouvement populaire disposera d’assez de temps pour désigner ses représentants.
L’offre de dialogue de Gaïd Salah pour la relance du processus électoral mis en veille depuis l’annulation du cinquième mandat du président sortant, Abdelaziz Bouteflika, et l’échec de sa relance à l’occasion de l’élection du 4 juillet constituent, à n’en pas douter, un fait nouveau qui mérite qu’on s’y attarde. Le chef d’état-major de l’ANP a, certes, balisé ce dialogue en l’inscrivant dans la perspective de la tenue de la présidentielle “dans les meilleurs délais”. Cependant, la question qui se pose actuellement est qu’au-delà des partis agréés qui constituent les élites politiques les mieux outillées pour de probables futures négociations avec le pouvoir, quelle forme prendra la représentation du mouvement populaire qui est invité au dialogue.
Encore au stade du balbutiement, de nouvelles entités ont, certes, vu le jour sous forme de comités estudiantins ou de dynamique de la société civile, comme c’est le cas pour certaines catégories de la société, notamment les syndicats des travailleurs. C’est ainsi que la communauté estudiantine est en train de se constituer en comités et de bourgeonner à travers les différents campus où des discussions sont engagées et les mots d’ordre sont décidés, de manière concertée, avant chaque mardi. Les syndicats planchent actuellement sur une plateforme. Qu’en sera-t-il du reste de la société qui est partie prenante du mouvement du 22 février ? Pour désigner ses représentants à la table des négociations, deux propositions qui émergent du lot sont à retenir. À commencer par celle de s’organiser en “comités populaires”, suggérée par le Parti des travailleurs qui estime que “la seule voie à même de consacrer la souveraineté du peuple est de constituer des comités populaires qui regroupent toutes les catégories de la société, à savoir des étudiants, des travailleurs, des retraités, des personnes aux besoins spécifiques et des jeunes qui mandateront, à leur tour, leurs délégués pour convoquer une assemblée générale nationale et formuler les revendications soulevées par les citoyens”.
Autre proposition de taille, celle d’organiser le mouvement en wilaya, tel que cela a été suggéré par l’ancien président du RCD, Saïd Sadi, qui estime que si nous voulons que le mouvement dure, nous aurons besoin d’une organisation, non sans proposer un modèle basé sur des élections régionales autour des six wilayas historiques. Il est tout aussi nécessaire de s’interroger pour savoir s’il faut encore désigner les interlocuteurs du pouvoir parmi la brochette de personnalités émergeant lors des marches populaires, à l’instar de l’avocat et militant des droits de l’Homme, Mostefa Bouchachi, le chef d’un parti non encore agréé, Karim tabbou, et d’autres. Et tant est que la rue accepte cette offre de dialogue, la question de la faisabilité se pose pour savoir si le mouvement populaire disposera d’assez de temps pour désigner ses représentants. Surtout en sachant que le pouvoir veut une élection présidentielle dans les plus brefs délais.
AMAR R.