Application de la peine de mort: Le débat relancé après chaque infanticide

Application de la peine de mort: Le débat relancé après chaque infanticide

Des juristes et militants des droits de l’Homme estiment que la peine de mort n’est pas une sanction moderne et les statistiques montrent qu’elle n’est pas dissuasive.

La question de la peine de mort et du moratoire adopté depuis 1993 en Algérie revient de manière cyclique, dans des débats qui partagent la société, entre partisans et opposant à la peine de mort. Derrière cette question, un torrent d’émotion envahit la société à chaque infanticide, à chaque crime abject à caractère sexuel contre des enfants mineurs, amenant des appels et des campagnes, notamment sur les réseaux sociaux pour le rétablissement de la peine capitale.

La dernière affaire en date, survenue à Oran le 18 août avec le viol et l’assassinat de la petite Salsabil, 8 ans à peine, par un voisin de 18 ans, n’a pas dérogé à la règle. Quelques jours à peine après la découverte du corps de la petite fille, des citoyens, des pères de famille ont organisé un rassemblement au centre-ville d’Oran. Beaucoup brandissaient des portraits, qui d’un fils, qui d’une fille, arrachés à la vie de manière brutale et choquante. Dans la bouche de ces parents éplorés, la seule phrase qui revenait était : “Pour la peine de mort.”                Un homme avait expliqué qu’il attendait que justice soit rendue, soit la peine de mort pour l’assassin de son fils, condamné à une peine de prison ferme. La prison pour lui n’est pas  justice et le sentiment qui domine c’est ce besoin de vengeance : soit la peine capitale. Un père de famille nous explique que pour lui “ces monstres (les violeurs et assassins d’enfants notamment, ndlr) ne peuvent et n’ont pas le droit de vivre, il faut les tuer, c’est tout ce qu’ils méritent, la société sera débarrassée d’eux et ils ne recommenceront pas et les autres auront ainsi peur”. D’autres considèrent, d’un point de vue de la morale, que la peine de mort est juste et ne peut être que le châtiment mérité pour toute vie enlevée. Pour autant, les pouvoirs publics n’ont pas osé relancer un tel débat de savoir s’il fallait revoir le moratoire sur la peine de mort, car la dimension politique, la question de la justice, de son indépendance seront au cœur dudit débat. Plus près de nous, si certains hommes politiques ont, dans la foulée, fait savoir qu’ils étaient pour l’application de la peine de mort pour certains crimes, à l’image du SG du RND, des juristes et militants des droits de l’Homme (voir entretien ci-dessous) estiment que la peine de mort n’est pas une sanction moderne et les statistiques montrent qu’elle n’est pas dissuasive. Dès lors, pour d’autres, la question de la nécessité d’adopter une législation permettant la création de fichiers des délinquants sexuels est d’abord l’urgence, comme réponse face à ces crimes et infanticides.

D. LOUKIL